«Le peuple sera consulté sur la base d'un document et une fois que ce dernier aura tranché, le document sera la source d'un texte de loi qui passera par les canaux habituels.» De sources officielles autorisées, nous avons appris que le référendum sur la réconciliation nationale se tiendra au mois de septembre. Le peuple algérien sera convié à trancher en faveur du projet et fer de lance du programme du président de la République Abdelaziz Bouteflika. Un projet qui, selon son principal initiateur, va aider le pays à tourner la page sur une décennie sanglante et à passer la phase de transition qui n'a que trop duré. D'aucuns s'interrogent sur l'urgence de convoquer le corps électoral, s'agissant de la réconciliation nationale, avant celui des partielles. Selon nos sources, il y a d'abord la question de timing. Le mois du jeûne commencera le 5 octobre. Un mois qui n'est pas propice à la tenue de scrutins. L'autre lecture a trait à des considérations politiques. Les appréhensions sont mises en avant par nos sources qui craignent que certaines parties hostiles au projet du président ne profitent de la campagne pour les élections partielles de Kabylie pour lancer une campagne parallèle afin de faire capoter le projet. En outre, les événements se sont précipités ces derniers jours avec les attentats terroristes qui ont ciblé Londres ainsi que l'enlèvement ambigu des deux diplomates algériens en Irak. Une manière de dire que l'Algérie est favorable à la paix, pour lever toute équivoque. Le président de la République a, pour rappel, annoncé la tenue d'un référendum à l'occasion du Cinquantenaire de la Révolution pendant lequel il a glissé le mot. Il ne cessera par la suite de le réitérer dans plusieurs tribunes dont celle où il a prononcé un discours devant les anciens combattants de l'ALN, louant les mérites d'une démarche qui mettra fin à la crise politique née de l'arrêt du processus électoral en 1992 et la guerre sournoise qui s'en est suivie, avec la tragédie nationale qui a ébranlé les fondements de la République. Ces nouveaux éléments d'information abondent dans le même sens que les propos tenus par le ministre d'Etat, représentant personnel du président Abdelaziz Belkhadem dans l'entretien qu'il nous a accordé (lire l'édition de samedi 23 juillet). Il nous a clairement expliqué qu'il n'existait pas un texte de loi mais un document sur lequel une équipe et non une commission présidentielle a planché. Cette équipe est composée d'hommes d'Etat et de juristes éminents. «Le peuple sera consulté, a-t-il soutenu, sur la base de ce document et une fois que le peuple aura tranché, ce document sera la source d'un texte de loi qui passera par les canaux habituels». C'est-à-dire le gouvernement, le conseil des ministres et enfin l'APN pour son adoption. Quant à la teneur du document, le représentant personnel du président nous a dévoilé les grandes lignes du projet. «Le document est censé, nous a-t-il révélé, répondre aux attentes de toutes les couches concernées. Il englobe toutes les victimes du terrorisme et tous les acteurs impliqués dans la crise politique. D'abord, pour les familles des victimes et celles des disparus, il institue des indemnisations qui leur seront accordées, pour les repentis dont les mains ne sont pas tachées de sang, ces derniers seront réhabilités dans la vie sociale et réintégrés dans leurs postes d'emploi qu'ils ont perdus. Les enfants des terroristes qui sont nés dans les maquis seront régularisés dans l'Etat civil. Les problèmes résultant de la crise politique seront réglés par des mécanismes juridiques. Ceux qui ont perdu leurs biens durant la décennie rouge pour cause de terrorisme seront également indemnisés. L'amnistie fiscale ne touchera pas les délits économiques. Elle touchera uniquement ceux qui ont subi des dommages durant la période de terrorisme. Quant à l'amnistie générale, c'est une mesure de la réconciliation générale.» Ce que les sources officielles nous ont confirmé. La campagne pour la réconciliation nationale va être menée durant le mois d'août et sera portée à bras-le-corps par le FLN, parti du président de la République. C'est durant l'université d'été, prévue du 27 au 30 du mois susmentionné, qu'un large débat sera lancé sur le projet, avec la plupart des ministres qui composent le gouvernement et des juristes éminents. Les autres partis, à savoir le MSP et le RND feront de même dans les structures qui les concernent. Le mouvement associatif ne sera pas en reste puisque des organisations et des associations, notamment la coordination de soutien au programme du président, va être également de la partie. La raison plausible pour la tenue du référendum avant les élections partielles en Kabylie qui seront organisées, nous a-t-on dit, au mois de décembre, est conséquente à la détermination du chef de l'Etat d'englober cette région dans la réconciliation nationale avec ses tragiques évènements qui ont fait plus de 126 morts. L'équipe en charge du dossier vient de finaliser le document qui sera soumis à la consultation populaire à la rentrée sociale.