Le dossier de Tonic emballage devra être discuté prochainement en Conseil des ministres. De sources bien informées, le cabinet de consulting KPMG installé en Algérie a été saisi par le ministère de la Participation et de la Promotion des investissements (MPPI) pour l'établissement d'un rapport sur l'entreprise privée Tonic emballage. Les experts de KPMG se sont en effet, rapporte une source de l'entreprise, déplacés au siège de Tonic emballage, sis à Bou Smaïl, et ont procédé à son expertise. Ils ont fait leur rapport et l'ont remis au MPPI. Aussi, indiquent nos mêmes sources, le sort de cette entreprise ferait même l'objet d'un dossier sur lequel devra trancher l'un des Conseils des ministres prochains. Il faut dire que la proportion de l'entreprise en question et les enjeux qui gravitent autour d'elle justifient bien son passage en Conseil des ministres. Actuellement en difficultés financières suite à la suspension de sa ligne de crédit par la banque accompagnatrice, Badr, Tonic emballage est en phase de préparer un business plan qu'il remettra à la banque et dans lequel elle demande le rééchelonnement de sa dette. Mais aux dernières nouvelles, la Badr campe toujours sur sa position et exige le recouvrement immédiat de ses créances qui avoisineraient les 65 milliards de dinars. Pour le remboursement de sa dette, la Badr aurait exigé de la société, souligne nos sources, « de vendre toutes ses filiales » au nombre de 11. Lors d'une précédente rencontre avec lui, le directeur général de Tonic emballage, M.Djerar, a reconnu les retards de paiement qui sont dus, d'après lui, à un « télescopage des échéances » qu'il impute à la « non-qualification de son personnel technique » pour lequel, dit-il, l'entreprise « a été obligée de le former davantage afin qu'il soit à même de manier l'outil de production qui est loin d'être classique et constitué entièrement de machines de dernière génération ». Du coup, souligne le patron, les objectifs de développement tracés par l'entreprise n'ont pas été atteints à temps. La prise en charge, sur fonds propres, de tous les frais d'approche (douanes, installation, frais de transit et d'acheminement) est également, ajoute-t-il, « un autre facteur à l'origine des retards enregistrés dans le remboursement des crédits ». Si toutefois la banque persistait à vouloir récupérer ses créances, c'est à la justice, souligne notre source, de trancher. Le ministre des Finances, Mourad Medelci, qui a été interpellé sur l'affaire, a pour sa part estimé que la solution dans ce genre de problèmes « réside dans le respect des lois : personne n'est au-dessus de la loi, ni l'opérateur ni le PDG de la banque ». Il ajoutera cependant : « Lorsqu'un client manque au respect du cahier des charges qui le lie à la banque, il est normal que la banque fasse de même. » Il ajoutera : « En dépit des lois et des engagements, il y a la raison et le dialogue entre les deux parties qui peuvent trouver un terrain d'entente car ils participent à la même opération. Le banquier doit pour sa part accompagner l'opérateur dans les moments difficiles pour qu'il réussisse. » Le recours à la justice risque cependant d'être fatal à l'entreprise privée qui reconnaît les retards de paiement. Cela signifiera tout simplement, indique notre source, le dépôt de bilan et la liquidation de l'entreprise qui emploie, faut-il le souligner, 4000 travailleurs. Pour se défendre, Tonic emballage met en avant sa solvabilité bancaire et ses garanties fournies à la banque qui s'élèvent à 87 milliards de dinars contre des crédits d'un montant de 65 milliards de dinars, soit des engagements de l'ordre de 130%. Autre atout avancé par l'entreprise privée, c'est son plan de charge notamment à l'export dont le montant varie entre 60 et 100 millions d'euros. Aussi le lancement de son usine de papier tissu prévu pour le mois de novembre prochain et qui devrait embaucher pas moins de 2000 personnes est également une autre carte que l'industriel met en avant. A noter enfin que nos maintes sollicitations du PDG de la BADR pour nous éclairer un peu plus sur l'affaire ont été vaines. De quoi a-t-on peur du côté de la banque pour observer un tel mutisme qui à la longue lui nuit gravement. C'est ce manque de transparence dans les affaires qui mine notre économie et continue de le faire.