Après avoir pris option auprès de l'ANDT en vue de la concession de la ZET de Sbiat en mai dernier, les Saoudiens du groupe Pharaon se sont manifestés hier à la wilaya de Aïn Témouchent avec la première esquisse de leur projet d'aménagement. Cependant, il s'avère que cette ébauche est sous-tendue par une stratégie de l'investissement touristique qui ne trouve pas son pendant dans la réglementation algérienne en la matière. Aussi le docteur Pharaon, qui vient d'acquérir 35% des parts de la cimenterie de Beni Saf et qui en assure le management depuis un mois, est-il venu personnellement défendre son projet. L'homme d'affaires syro-saoudien prenant prétexte du fait qu'il cible un tourisme haut de gamme a souhaité un amendement de la réglementation parce qu'en ce domaine les données sont de par le monde tout à fait autres que pour ce qui concerne le tourisme de masse. De ce fait, il a estimé que la possibilité de vendre des appartements et des résidences touristiques à des étrangers soit introduite à l'instar de ce qu'il en est ailleurs : « Voyez ce qu'il en est actuellement à Beyrouth où les prix ont chuté de 30%. Les hôtels sont désespérément vides ! Par contre, la clientèle qui est présente, et qui l'est en nombre, c'est celle qui a acquis des appartements touristiques ou des villas. L'autre, celle des hôtels, est plus incertaine. Une année, elle vient, l'autre pas parce qu'elle a le choix. Par contre, celui qui a acheté ne choisit pas de venir ou pas. Allez voir à Beyrouth, les Emiratis, eux, sont là. » Le ministère du Tourisme prendra-t-il en charge cette préoccupation ? En tout cas, elle lui sera transmise par la wilaya de Aïn Témouchent. Mais en attendant, il a été convenu que la prochaine mouture du projet soit livrée dans un mois et demi. Quant à l'esquisse qui été présentée hier, elle est sous-tendue par une stratégie d'investissement qui ne correspond pas aux vues de l'actuel ministre si l'on devait se fier aux remontrances qu'il a faites à des investisseurs algériens à Aïn Témouchent. Projet à plusieurs étapes En effet, le projet est conçu pour être réalisé en plusieurs étapes. « Pour nous, avant toute esquisse d'un projet, la donnée primordiale est de savoir comment amortir l'investissement, c'est-à-dire arrêter en premier le coût et le retour de l'investissement », a expliqué l'architecte en chef. Ainsi, le groupe Pharaon se propose d'arrêter un schéma directeur d'aménagement devant être réalisé par étapes. « Nous ramènerons d'autres partenaires, d'autres investisseurs pour réaliser le reste. » La première phase de l'investissement est articulée autour d'un noyau constitué d'un hôtel-boutique de 40 lits, une marina pour une dizaine de bateaux, un camping club, quelques unités d'accompagnement dont la restauration et enfin deux ou trois maisons pilotes. « Notre idée est de réaliser un noyau pour attirer la clientèle et avec elle d'autres partenaires de façon à réaliser la totalité du projet. Ainsi, nous ne referons pas notre expérience, comme en Tunisie, d'un hôtel de 250 chambres, une infrastructure qui n'affiche complet que deux mois dans l'année. Si nous étions à Monaco, là oui, nous aurions attaqué la falaise et érigé des buildings. Ici, c'est du R+2, pas plus. » Par ailleurs, aux côtés des contraintes réglementaires et de la nécessaire rentabilisation de l'investissement, il y a celles de la topographie des lieux à Sbiat, qui fait le charme du site mais qui met de sérieuses barrières à un aménagement optimum. En effet, sur les 280 ha de superficie, 117 seulement sont aménageables, dont il y a lieu de soustraire les 100 m non constructibles à partir du rivage, soit 23 ha relevant du domaine maritime. De la sorte, il y a très peu de plat constructible, l'essentiel étant, d'après le relevé topographique d'être situé en pentes abruptes.