« Le ministère de la Culture financera désormais une partie du Festival du raï qui aura, dès l'année prochaine, une envergure internationale », a promis Mme Khalida Toumi, vendredi soir, devant le public du théâtre de verdure Chakroune Hasni. Invitée à monter sur scène, habillée d'une tenue traditionnelle, elle devait annoncer elle-même l'institutionnalisation de ce festival en citant le nom de son commissaire, M. Hadj Méliani, universitaire qui aura la charge de veiller sur son bon déroulement. C'était lors de la clôture de la 15e édition marquée justement par un manque de financement ayant obligé les organisateurs, à leur tête Nasro de l'Apico, à raccourcir sa durée (3 jours). Cette édition sera ainsi marquée par la défection de plusieurs têtes d'affiche de la trempe de cheb Djelloul, Abdou, Kheïra, etc. Hormis Houari Dauphin, cheïkha Nedjma a sauvé la face. Programmée la veille, elle a été rappelée en renfort pour la clôture. Dans les coulisses, elle avait promis de « faire danser Madame la ministre ». Elle a failli réussir. Cette soirée de clôture a été marquée d'abord par la belle prestation du groupe de reggae Rabsta Family, venu de France (La Rochelle). L'idée était de faire de ce festival - dont le raï serait évidemment l'élément central - un carrefour pour toutes les musiques du monde. Il s'agit également d'habituer le public à d'autres sonorités. Programmé en début de soirée, vers 22 h, les éléments de Rabsta Family, richesse instrumentale à l'appui, ont eu le temps d'interpréter presque l'intégralité de leur tout premier album en chantier, mais qui ne tardera pas à être édité, nous a-t-on confié auparavant. Le chanteur du groupe remerciera la ministre pour l'intérêt qu'elle porte à ce festival qu'il découvre pour la première fois. Pendant deux bonnes heures, le raï sera absent de la scène. Avec la défection de Abdou et de Kheïra mais aussi de Réda Taliani, les organisateurs ont eu à faire passer plusieurs chanteurs qui n'étaient pas programmés ce jour-là. Il fallait tenir le coup, du moment qu'on a annoncé une soirée non-stop, jusqu'à l'aube. Ces derniers ont l'habitude de se présenter au festival sans y être forcément invités. Les artistes représentant d'autres styles de musique algérienne ont été à l'honneur de cette soirée comme les Aïssaoua de Mostaganem, Chihab (style moghrabi), hawzi, etc. Le Libanais Khorchid Daoud a vanté Bouteflika avant d'interpréter une chanson de Bilal, Ouled Horma. Hormis cheikh Tayeb et son raï relativement traditionnel, la prestation de cheb Kady a été remarquable, comme l'était aussi celle de Redouane. L'humoriste Attalah, révélé par l'émission de télévision « Lefhama », a créé la surprise avec un de ses complices de la même émission. Une certaine désorganisation a caractérisé cette soirée qui n'a pas fait que des heureux à l'instar de la troupe des trompettistes de Témouchent qu'on a fait patienter plus qu'il n'en faut. Kadour Bensaïd, programmé lui aussi à la dernière minute, n'a pas respecté le temps qui lui a été imparti. Elle était par contre très belle la prestation du groupe Transe, un vieux groupe qui s'est, au fil du temps, enrichi de nouveaux musiciens qui ont su adapter le style Diwan à une instrumentation électrique. Fondé par Miloud, chanteur, percussionniste et joueur de goumbri talentueux, c'est Houari qui en a pris la relève, notamment au chant. Malgré toutes les imperfections, le public était néanmoins au rendez-vous. Tous les espoirs sont portés sur la prochaine édition.