L'effigie de cette deuxième édition porte le sceau de l'authenticité et de l'innovation. La prophétie de la célèbre troupe Raina Raï, qui depuis 1983 ne cessait de revendiquer la paternité du raï, s'est définitivement concrétisée laissant El Bahia dans la désolation après avoir perdu son enfant chéri qu'elle a mis au monde en 1985 et enfanté pendant 16 longues éditions. Ainsi, la capitale de la Mekkera, qui est tombée sous le charme du Festival du raï, abritera définitivement la festivité. L'aveu vient d'être fait, exclusivement à notre rédaction, par Sid Ali Akloul, commissaire du festival, récemment installé. «Ce sont les Belabésiens qui ont demandé ce festival, après notamment la réussite de la première édition tenue en 2008», a-t-il affirmé. Finalement c'est décidé, la rencontre annuelle du raï est prévue pour début aout. Le coup d'envoi sera donné le 2 août et l'activité s'étalera six jours. Au moins une centaine de raïmans se succéderont sur la scène. Le conflit de générations, à chacun son raï L'effigie de cette deuxième édition, à la bélabésienne, sera frappée par le sceau de l'authenticité et de l'innovation. Les vieux routiers ayant tracé le chemin du raï et les nouveaux débarqués à la fois mystiques et mystifiants se livreront aux débats et échanges d'expériences sur les différentes péripéties qui ont accompagné l'évolution de ce style né dans les fins fonds de l'Oranie, confiné dans les bars et cabarets alors qu'initialement, cette musique s'est imposée comme étant un moyen d'expression et de dénonciation du marasme social. Ainsi, en plus des jeunes talents auxquels les portes du verbe cru leur sont grandement ouvertes, le ton sera axé sur les hommages à rendre aux ténors du raï comme Belkacem Bouteldja et Boutaïba, deux icônes rescapées, miraculeusement, de la disparition après que le raï ait changé de main, de maison, d'éthique, de moeurs et pris même d'autres allures. Le raï, phénoménal ou populaire, est une musique qu'il faut protéger de la déchéance. En effet, cette musique, qui est devenue un phénomène universel, mérite une refondation totale notamment en matière de la construction des vers car la rime, à elle seule, est insuffisante. C'est ainsi que les organisateurs de cette deuxième festivité sont, d'ores et déjà, à pied d'oeuvre aux fins de ne rien laisser au hasard. Selon Akloul Sid Ali, des nouveautés sont au menu cette année, à commencer par la mise en place d'un jury composé de spécialistes du raï devant procéder à l'élection du lauréat qui sera baptisé meilleur raïman de l'année. La production artistique de l'heureux élu sera prise en charge. «Il faut sortir avec un résultat à l'issue du festival et porter de l'avant les jeunes talents», a affirmé le commissaire du festival expliquant que la rencontre annuelle du raï est devenue un événement incontournable du paysage culturel national et international qu'il faut nécessairement pousser de l'avant. Zahouania, Raina Raï et Bilal confirment et Khaled tergiverse Plus jamais d'erreur, le plateau artistique doit être riche et varié, table-on. Les stars seront à l'affiche. Zahouania, Bilal, Magic Système, Cheb Nadjim, Cheb Fawzi Kenza Farah ont tranché la question tandis que Khaled, malgré son voeu, continue à tergiverser. «Sa participation est tributaire de son programme trop chargé durant cet été,» apprend-on de la bouche même du commissaire. La Diva ou l'interprète des causes libertines n'a pas économisé d'efforts pour donner son quitus. D'autant qu'elle garde toujours intacte son aura auprès de son public qui la réclame sans cesse. Bien évidemment, la Reine du raï sera présente, a indiqué M.Akloul ajoutant qu'il est plus que nécessaire de rééditer doublement l'expérience de l'édition précédente, exploser la scène du stade 24 Février tout en malaxant les forces montantes avec les stars, mise le commissaire du festival. En plus des deux icônes qui ont annoncé leur OK, Djamel Laroussi et sa troupe Gnawi sont en phase très avancée dans les préparatifs d'un très joli tableau artistique qu'ils présenteront à l'occasion du 2e Panafricain et probablement à Sidi Bel Abbés. Cela étant, le public bélabésien répond favorablement et proprement dit, les organisateurs de la deuxième édition mettent les bouchées doubles et réitèrent leurs appétits de la première expérience de la Mekkera: «Nous tablons sur une forte assistance», a promis le commissaire du festival expliquant que «le tableau est là et tous les indices renseignent à l'avance l'engouement sans faille des férus du raï». Sur le plan technique, plusieurs nouveautés sont annoncées. En effet, un centre de presse sera mis au profit des journalistes qui viendront en masse cette année, pour couvrir le deuxième événement bélabésien. En plus des médias algériens, la presse tunisienne, en particulier la Radio Tunis, a confirmé sa présence. La bataille médiatique sera rude avec la mise en place du concours du meilleur article journalistique. À l'issue du festival, trois journaux et trois journalistes seront honorés pour la meilleure couverture médiatique, a affirmé M.Akloul ajoutant qu'un centre de presse sera mis au profit des hommes des médias. D'autre part, les Oranais continuent à déplorer la délocalisation, à la fois, énigmatique et inexpliquée de leur festival. Le Théâtre de verdure Hasni-Chakroune a, un court laps de temps, perdu tout son charme malgré les travaux de réhabilitation entrepris. Les Oranais, eux, continuent à se chercher sans pour autant se retrouver dans la grammaire des animations estivales. N'eussent été les trois soirées animées à l'occasion du Festival du film arabe, l'été 2008 allait passer creux. Ce n'est pas là une première fois que les fans du raï subissent une telle disgrâce inexpliquée.L'histoire des délocalisations remonte à 1991, lorsque l'ex-FIS dissous avait affiché sa volonté de mettre à plat toute activité culturelle ne se conformant pas à son idéal. Toutes les dynamiques culturelles et même scientifiques étaient à l'arrêt, se souvient-on à Oran. À la faveur de cette nébuleuse, les organisateurs de l'événement sondeaient à exporter le festival vers d'autres cieux non hostiles et très cléments. Le raï, cette musique populaire au verbe direct et sans ambages, n'était pas vu du bon oeil par les tenants de l'APC et de l'APW d'Oran. En dépit de la haine intégriste et les menaces de représailles, El Bahia a tenu son festival annuel sans incident signalé. Idem en 1996 sous l'argument sécuritaire, le festival a été déporté à Alger. Depuis 2008, le département de Khalida Toumi a décidé d'établir le festival à Sidi Bel Abbès tandis qu'à Oran, on songe à mettre au monde un nouveau produit local, un pari difficile vu que de telles rencontres sont réglementées par des lois rigoureuses. L'Algérie vit au rythme d'un apaisement social. Près d'une centaine de festivals, nationaux et locaux, sont organisés à travers le territoire national. Le département de Khalida Toumi prend à sa charge la valorisation du patrimoine culturel national en attendant la naissance d'un nouveau festival aussi innovateur, à savoir celui de la guitare dont l'initiateur est Lotfi Attar, guitariste de la célèbre troupe Raina Raï.