Les représentants du mouvement de protestation du Sud et ceux des Aurès devraient être du rendez-vous. Le mouvement des archs s'offre une université d'été. Un regroupement de près d'une semaine s'ouvre, en effet, aujourd'hui à la résidence universitaire d'Iryahène à Béjaïa avec pour ambition déclarée de faire le bilan des années de lutte et de lancer la réflexion sur les perspectives. Mais ce qui retient le plus l'attention, c'est le fait que le regroupement s'élargisse aux représentants de mouvements de protestation nés ces dernières années dans certaines régions du pays, à des représentants du mouvement associatif et à des « personnalités ». Selon Bezza Benmansour, l'une des figures les plus connues du mouvement des archs actuellement en dialogue avec le gouvernement, des représentants de l'Oranie, les animateurs de l'association Numidia notamment, les représentants du mouvement de protestation du Sud et ceux des Aurès seront entre autres présents au rendez-vous. Une première en somme qui a l'autre particularité d'intervenir au moment où on en parlait le moins. L'élargissement et la structuration nationale du mouvement de protestation né en Kabylie en 2001 ont toujours été une ambition chez nombreux animateurs des archs. Les contradictions au sein de la structure, le peu d'enthousiasme ou l'opposition affichée par des tendances au sein du mouvement, les contraintes objectives du terrain et la répression ont fait que l'ambition ne se réalise pas au moment où elle pouvait avoir un sens politique et un impact direct sur le cours des événements. Soit durant ces années où les portes du dialogue étaient fermées et les meneurs de la protestation isolés. A quoi peut donc rimer aujourd'hui le rassemblement de représentants de structures ou de mouvements nés dans l'urgence pour structurer la protestation, à l'heure où le gouvernement affiche sa disponibilité au dialogue et surtout au moment où les tensions semblent avoir reculé ? C'est là en tout cas une question que se posent les quelques observateurs qui ont eu vent de la rencontre en remarquant subsidiairement la mise à contribution de sigles associatifs dont la vocation tranche avec le caractère revendicatif, du moins jusque-là, de mouvements comme celui des archs et celui structuré au Sud. La démarche fait penser, par ailleurs, à une idée qui a circulé durant l'année 2003, sous la houlette de ceux qu'on a appelés à l'époque les « émissaires du Pouvoir » et prêtant aux « décideurs » l'intention de tabler sur un mouvement citoyen pérenne et d'envergure nationale pouvant servir de médiateur dans les propos des épisodes de tension et potentiellement d'alternative à des sigles politiques et des formations syndicales trop indociles. Enfin, des voix établissent un rapport direct entre le nouvel échéancier du président de la République (le référendum sur la charte de la paix et de la concorde civile) et le subit intérêt du mouvement des archs pour des passerelles tendues en dehors de la Kabylie. Dans les cercles hostiles aux militants du mouvement s'étant investis dans le dialogue avec le chef du gouvernement, l'on n'hésite pas en effet à prêter au rendez-vous un contenu et un objectif liés à la campagne de Bouteflika. Le mouvement des archs, dont les animateurs répètent depuis plusieurs mois qu'ils ont dépassé le stade de la confrontation avec le Pouvoir pour entrer dans celui du « partenariat », seraient, selon les mêmes avis, investis de « la mission » de fédérer les énergies de mouvements similaires sur la voie du soutien à la démarche du Président.