C'est l'été et les festivités battent leur plein. Tout est prétexte à s'amuser et à se retrouver. Qu'il s'agisse d'une circoncision, d'un mariage ou d'une célébration quelconque, tous les Algériens se ressemblent. Cependant, à Batna-Ville, on note un changement. Les fêtes se délocalisent et se font de plus en plus dans des salles louées parfois six mois à l'avance. Certaines affichent réservée tous les jours de l'année. L'été, toutes les salles de la ville sont prises d'assaut. Finie l'exiguïté des maisons ou des appartements. On ne fait plus appel aux voisins qui ouvraient volontiers leur appartement en prenant part à la fête. Nous entrons dans une époque ou le « chacun pour soi » prévaut de plus en plus. Oubliées les touizas pour préparer les gâteaux faits maison et où les familles et les voisins s'entraidaient dans une ambiance joviale. Aujourd'hui, tout est commandé d'avance chez les pâtissiers de la ville. Les journées et les soirées passées à suer devant les fourneaux sont d'« agréables » cauchemars que l'on ne veut plus revivre. Un pâtissier de la ville nous dira : « Je ne pars plus en vacances l'été, car c'est la période de l'année où je fais mon meilleur chiffre d'affaires. Je dirais même qu'en deux mois, mon bénéfice est deux fois supérieur au reste de l'année. » Aujourd'hui, les familles veulent profiter de la fête en ne s'occupant que de leur personne et participent aux festivités comme tout autre invité. Même la sous-traitance des services, cuisiniers compris, est entrée dans les mœurs. Les propriétaires des grandes salles ont trouvé là un filon qui ne fait que se développer, gagnant doucement mais sûrement les campagnes avoisinantes. Cela est encore plus vrai lorsque ces salles sont bien équipées ou ont la climatisation. Les prix peuvent alors varier de 20 000 à 50 000 DA la journée. Pour quelques heures, le plaisir coûte cher. Les douars de la wilaya ne sont pas encore gagnés par ce new way of life. Pour leurs habitants, le mot célébration est encore synonyme de convivialité. « Ma fête est celle de tout le douar », nous dira un paysan, étonné devant tant de sacrifices. « Ils jettent vraiment l'argent par la fenêtre », ajoutera l'un d'entre eux. Mais combien de temps encore cet esprit communautaire survivra-t-il ?