Il n'y aura pas eu de bel été cette année. Dans la dernière ligne droite des vacances, la dernière décade du mois d'août. On n'aura toujours pas eu une bonne et grande semaine de ces splendides journées d'été comme on les connaît avec ce bleu limpide du ciel, ce franc soleil qui ne vous assomme qu'au moment de la sieste, cette petite brise vivifiante qui rafraîchit l'air et frise légèrement la grande bleue. La couleur dorée du sable fin qui ne se révèle que si les autres se montrent en premier. Il aura même plu à verse provoquant les premiers dérapages sur les routes. Des averses qui sonneront aussi l'heure de départ pour des vacanciers pris de court et désabusés. L'été de cette année dans l'extrême nord-est a donné dans la grisaille et l'humidité. Le soleil s'est fait rare, mais bien présent. La température a atteint des extrêmes, 40°. Ajoutée à un taux d'humidité avoisinant les 92%, cela a donné un temps exécrable avec des journées sans lumière et une atmosphère de hammam. Bien des projets de vacances ont été compromis. Mais vacances, il y en a eu malgré tout. Les plages étaient bondées au plus fort du mois d'août. L'absence du soleil et parfois la pluie n'ont pas découragé les baigneurs. A plusieurs reprises, en fin de journée, les parasols ont servi de parapluie. Le soir, où il y a une accalmie apportée par la brise de terre plus sèche, est consacré aux promenades sur le cours, les quais, la digue et la corniche comme points de chute, espaces de rencontres et d'exhibitions. L'affluence ne s'est faite sentir qu'au début du moins d'août. Avant cela, l'angoisse tenaillait ceux qui attendent l'été et les vacances pour « travailler un peu ». En juillet, bien après les résultats du bac, les plages et les rues ne connaissaient pas encore la bousculade des grands jours. « Ils ne viendront pas parce que c'est trop sale et trop cher », disait-on. Ce qui n'est pas faux. Beaucoup de vacanciers se sont plaints de la saleté des lieux publics. Notamment sur les plages où les plagistes, si on peut les appeler ainsi, sont plus prompts à dépouiller les gens qu'à entretenir les lieux. Chacun selon sa guise soutire 50, 100 et 150 DA pour des droits de parkings convertis, en dépit des assurances des pouvoirs publics, en droits d'entrée même sur des plages qui ne sont pas ouvertes à la baignade. Le sable est infecte par endroits et les déchets ramassés, lorsque c'est fait, sont enfouis sur place ou à proximité. La puanteur s'installe et, pour le moins, indispose. Les bords de routes sont des dépotoirs où on trouve des bouteilles de bière souvent brisées sur la voie, des canettes et des milliers de sachets en plastique bleu et mauve qui, grâce au ministère de l'Environnement, qui a livré une guerre sans merci au sachet noir, donnent plus de couleur au décor. Partout en ville, des détritus jonchent le sol, notamment dans les cités populaires où le plus gros du contingent des estivants trouvent des logements hors de prix. Entre 40 000 et 50 000 DA le logement de 3 pièces, dont deux seulement sont mises à disposition. De 80 000 à 100 000 DA le bungalow sobrement meublé en bord de mer. Pour la même somme, des vacanciers préfèrent faire une simple escale à El Kala et se payer des vacances de rêve en 5 étoiles à Hammamet ou à Nabeul s'il vous plaît. « En plus de l'éclatante propreté et de la qualité des services, on a une paix royale sur la place, surtout si on a une femme et des filles qui veulent se baigner sans complexe », nous explique un passager qui déclare avoir économisé 120 000 DA pour être tranquille pendant un mois. Ils ont été des milliers à s'être rendus en Tunisie cette année. Les prix étaient particulièrement attractifs. Il y a eu jusqu'à 1800 passages par jour par les deux postes frontaliers d'El Kala. En revenant, lorsqu'on quitte la coquette Tabarka (40 km d'El Kala), on tire une conclusion simple ; le développement du tourisme n'est pas contagieux. De l'avis général, il y aura eu moins de monde cette année à El Kala. L'attrait des autres régions comme la côté de Saphir disent les uns, l'avidité des commerçants et la saleté d'El Kala disent les autres. Pourtant, on a rarement manqué d'eau cet été.