La charte pour la paix et la réconciliation nationale proposée à référendum par le président de la République doit être limitée dans le temps. Telle est la suggestion faite, hier, par Amara Benyounes, secrétaire général de l'Union pour la démocratie et la république (UDR), lors d'une conférence de presse animée à la maison de la presse Tahar Djaout, à Alger. « J'ai un seul reproche à faire sur cette charte : il faut qu'elle soit limitée dans le temps. Nous proposons un délai de six mois après le référendum. Une fois le délai expiré, la lutte doit reprendre contre les terroristes refusant la repentance. Il faut que le président de la République prenne en charge ce volet », a martelé Amara Benyounes. La porte de sortie ouverte pour les terroristes, à travers cette charte, ne devrait pas, selon lui, « demeurer ouverte ad vitam aeternam ». Réitérant le soutien de son parti au projet présidentiel, qui, dira-t-il, est « porteur d'un véritable projet de société », l'orateur s'est déclaré « satisfait » de la mouture de la charte sur laquelle le peuple est invité à se prononcer le 29 septembre. « L'UDR rappelle son attachement constant à l'idée de la réconciliation nationale à laquelle a été régulièrement et fermement opposé un seul préalable, à savoir que la défaite militaire du terrorisme ne doive pas et ne puisse pas se transformer en victoire politique de l'intégrisme », a souligné le conférencier. La condition « sine qua non » étant, a-t-il précisé, prise en charge par la charte, l'UDR est partant pour « un oui républicain » et lance un appel au vote dans ce sens. L'interdiction d'exercice politique à « tous » les dirigeants de l'ex-FIS et la prise en charge des doléances des familles des victimes du terrorisme ainsi que l'exclusion catégorique par le chef de l'Etat de l'idée d'aller vers une amnistie générale semblent encourager et conforter ce parti dans ses convictions et son soutien au Président Bouteflika. Pour le premier responsable de l'UDR, son approbation à la charte pour la paix et la réconciliation « diffère de celle des partis islamistes et ceux de l'Alliance présidentielle ». A cet effet, Amara Benyounes critique les trois formations composant l'Alliance présidentielle : le FLN, le MSP et le RND. « Ces partis sont en train d'interpréter le texte de la charte à leur manière. D'ailleurs, je ne sais même pas pourquoi ils soutiennent ce projet », s'est-il exclamé. Evoquant les protestations des familles des disparus et celles des victimes du terrorisme, Amara Benyounes déclare : « Pour les disparus, la plupart d'entre eux ont rejoint le maquis terroriste et ont été abattus, une autre partie a été enlevée par des terroristes et une minorité enlevée par les services de sécurité, et l'Etat doit faire la lumière sur ce dernier cas. Quant aux familles des victimes du terrorisme, le texte de la charte est clair : ceux qui ont les mains entaché de sang ne sont pas concernés par la réconciliation. » Mais la priorité désormais, indique-t-il, « est à l'union des forces démocratiques et républicaines pour faire barrage devant une résurrection de l'hydre islamiste ». « Nous avons besoin d'une opposition forte », a-t-il lancé. Est-ce que ces forces républicaines et démocrates peuvent s'imposer sur le terrain devant la situation que connaissent actuellement les champs politiques et d'expression ? Et à l'orateur de répondre : « Les partis politiques ne bougent pas et n'activent pas. S'ils sont présents sur le terrain, les médias publics les couvrent sans aucun problème. » A une question de savoir si le président de la République ne chercherait pas à travers ce référendum à avoir un blanc-seing qu'il utilisera pour aller à l'amnistie générale, l'interlocuteur répond par non. « Le Président a déclaré à Sétif qu'il n'y aura pas d'amnistie. Le texte de la charte est également clair à ce sujet », a-t-il rappelé.