C'est le cri de détresse lancé par de nombreux handicapés au chômage depuis des lustres, qui souffrent en silence, aux chefs d'entreprise, notamment ceux qui ont bénéficié de l'aide de l'Etat et qui ont l'obligation morale de se pencher sur le problème des handicapés chômeurs et de surcroît diplômés. Quand les préjudices dont ils sont victimes et la ségrégation qu'ils subissent à leur corps défendant seront-ils levés ? Embaucher un salarié handicapé ? De nombreuses administrations, entreprises publiques et privées hésitent, et 90% d'entre elles n'ont même pas franchi le pas. Souvent, le handicap est assimilé à une incompétence professionnelle, donc le handicapé est de facto inapte au travail. Cette catégorie sociale veut plus que jamais changer, voire modifier le regard que la société, dite valide, porte sur elle et modifier son propre regard sur elle-même par son insertion dans le monde du travail, au même titre que tout autre citoyen et non comme demi-citoyen face aux avantages sociaux économiques (logements, travail, etc.). La personne handicapée n'est pas seulement un bulletin de vote qui lui confère l'illusion de la citoyenneté, c'est également la personne qui a droit au travail, à la dignité et à tous les avantages sociaux. Aujourd'hui, dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj, plusieurs centaines de handicapés sont à la recherche d'un emploi, en vain. Ils forment le plus gros de la troupe des vrais chômeurs survivant peu ou prou grâce aux maigres subsides que l'Etat leur octroie. Les fins de non-recevoir ne viennent pas seulement des entreprises publiques, mais aussi et surtout des entreprises privées, qui par la manne de l'Etat ont bénéficié de lignes de crédit de plusieurs milliards de dinars, ont créé des emplois pour leur famille et leurs proches. Ces entreprises qui deviennent strictement familiales (ultraprivées) n'apportent aucun soulagement au niveau du marché de l'emploi pour cette catégorie particulière de citoyens handicapés. Cependant, force est de constater que le peu de handicapés qui ont la chance de travailler dans certaines administrations et entreprises publiques donnent amplement satisfaction. Le problème reste donc de lever les freins psychologiques et culturels mis par la société à cette frange de citoyens, ce n'est que de cette façon que l'on pourra amener les handicapés à un développement harmonieux, conjoint avec les personnes valides, et non pas les « ghettoïser » dans un monde à part. En fait, on se demande où se situe le handicap : au niveau de la société qui sacrifie une partie d'elle-même par manque de lucidité ou des handicapés qui, à l'instar de tout un chacun, ne demandent qu'une chose, vivre dignement et se débarrasser du poids du complexe que la société leur met sur les épaules ?