L'entrée en vigueur de l'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne dès aujourd'hui aura pour effet immédiat un démantèlement total concernant 2161 lignes tarifaires, dont 2076 concernent les produits industriels. Parmi ces produits, les papiers passeront d'un taux actuel de 5% à 0%. Grande importatrice de ces produits industriels, l'Algérie, à en croire les chiffres du CNIS, a importé en juillet 2005 en matières de papier et carton pour un montant de 6,54 millions USD contre 3,1 millions USD le même mois de l'année dernière. Soit une évolution de près de 111%. Ce démantèlement tarifaire, même s'il est accueilli par les importateurs et transformateurs de papier avec soulagement, il n'en demeure pas moins qu'ils relativisent son impact quant à une éventuelle chute des prix des produits dérivés pour le consommateur. Ayant surgi en fanfare dans l'industrie de l'emballage et carton, les pouvoirs publics donnent du fil à retordre au leader national Tonic Emballage. Son responsable de communication, H. Rebahi, trouve « alléchante » cette exonération pour les importateurs et les transformateurs de papier. Sans hésitation, notre interlocuteur a indiqué que cette baisse « sera répercutée directement sur nos produits », puisque, ajoute-t-il, « nous sommes à l'écoute des consommateurs ». Il s'interrogera toutefois si les utilisateurs, notamment les grandes entreprises, vont faire de même. Rebahi a indiqué, en outre, que Tonic Emballage s'approvisionne d'Asie, d'Amérique et d'Europe en fonction du marché international du papier étant donné que c'est un produit boursier. Situant le besoin national en papier entre 400 000 à 500 000 t/an et moyennant une facture de quelque 400 millions de dollars, le chargé de communication de Tonic Emballage a affirmé qu'en raison de la période de crise que traverse l'entreprise, les achats ont été rationalisés. En moyenne, dit-il, l'entreprise importe environ 90 000 t de papier, en ajoutant que les stocks de l'entreprise peuvent couvrir une période allant de 6 à 8 mois. Merzouk Mustapha, le PDG du Groupe industriel du papier et de la cellulose (GIPEC), relevant du secteur étatique de l'industrie papetière, ne se fait pas trop d'illusions quant à une éventuelle baisse des prix. Jugeant le passage de 5% à 0% de marge non importante, le premier responsable de GIPEC a plutôt souligné la rude compétition qui s'annonce dans le domaine non sans craindre une « compétition déloyale ». « Nous souhaitons plus de protection en termes de norme et de contrôle pour éviter que le pays se transforme en dépotoir pour tous les produits de mauvaise qualité, tel le papier Tchernobyl (...) », a-t-il souligné, en ajoutant : « Il faut surveiller et discipliner nos importateurs. » En attente d'un éventuel repreneur, GIPEC, né de la fusion de CELPAP et d'ENEPAC dans le secteur papetier, dispose d'une capacité de production de 300 000 t, à en croire les chiffres communiqués par le groupe. Quant à l'entreprise d'impression ALDP des quotidiens El Watan et El Khabar, l'un des responsables nous a indiqué que cette exonération des droits de douane va alléger les frais et donner une marge de manœuvre pour une éventuelle baisse des prix. L'entreprise importe, selon notre interlocuteur, environ 1200 t à 1500 t tous les deux mois et généralement d'un gros fournisseur allemand. En 2003, 185 millions de tonnes de pâte à papier ont été produites dans le monde, dont 2,5 millions en France. L'Amérique du Nord, la Scandinavie et les grands pays asiatiques (Chine et Japon) sont les principaux producteurs de pâte.