Le cyclone Katrina a surpris le marché pétrolier durant la semaine qui vient de s'écouler. Au-delà des pertes humaines importantes qu'il a engendrées et des dégâts matériels, le cyclone a déstabilisé le marché rendant ainsi inéluctable l'utilisation des réserves stratégiques aux Etats Unis, ce qui est un fait rare. De même que la mobilisation des 26 pays membres de l'Agence internationale de l'énergie qui ont mis à la disposition des Etats-Unis leurs réserves. Classé d'abord comme tempête tropicale vers le 25 août, Katrina s'est transformé au fil du temps en cyclone et ensuite en ouragan. Qualifié par le président des Etats-Unis comme l'une des pires catastrophes naturelles de l'histoire de la nation américaine, Katrina a perturbé les capacités de production de l'essence et le réseau de distribution. Ce qui a amené les prix à des niveaux jamais égalés. Les fermetures des puits de production et plateformes ont privé la région d'une production d'environ 1,4 million de barils par jour, soit plus de 90% des capacités de production de la région du golfe du Mexique. Ce manque dans une conjoncture en crise a installé de grandes inquiétudes relatives à une possible pénurie et a nécessité l'apport des réserves stratégiques. Seul habilité à prendre une décision, le président des Etats-Unis a annoncé mercredi passé avoir donné l'ordre de puiser dans les réserves stratégiques de pétrole pour venir en aide aux raffineries après les coupures. Aux Etats-Unis, les réserves stratégiques situées sur 4 sites renfermeraient environ 700 millions de barils. Tandis qu'au total, les 26 membres de l'AIE disposent de réserves stratégiques évaluées à 4 milliards de barils ou l'équivalent de 118 jours d'importations. La demande mondiale actuelle est évaluée à un peu plus de 80 millions de barils de pétrole par jour. « J'ai donné instruction au secrétaire à l'énergie Bodman de travailler avec les sociétés de raffinage, les gens qui ont besoin de pétrole brut, afin de parer à toute pénurie par le biais d'emprunts de pétrole aux réserves stratégiques », avait indiqué dès mercredi le président des Etats-Unis. Ce sont finalement près de 30 millions de barils de pétrole qui vont être libérés dès mardi, selon le secrétaire à l'Energie. De son côté, l'Agence internationale de l'énergie, qui dépend de l'OCDE, a annoncé qu'elle mettait à la disposition des Etats-Unis près de 60 millions de barils des réserves de ses pays membres. Le directeur de l'AIE a précisé vendredi que la décision de recourir aux réserves stratégiques de pétrole brut était destinée à éviter une pénurie et non une baisse des prix. Le principe des réserves stratégiques au niveau de l'AIE, créée par la crise de 1973, ne vise pas à influer directement sur les prix, mais à les utiliser en cas d'une rupture d'approvisionnement. Les 26 pays membres vont puiser chacun 2 millions de barils par jour pendant 30 jours, soit 60 millions de barils. Après l'annonce de cette décision, les prix ont reculé d'environ 2 dollars le baril. Crise L'ouragan Katrina a touché des régions qui participent pour un quart des capacités de production de pétrole aux Etats-Unis et environ 10% des capacités de raffinage. Cette catastrophe naturelle est venue dans une conjoncture défavorable marquée par une crise sérieuse en matière d'approvisionnments. Les raffineries qui fonctionnaient a plus de 90% de leurs capacités éprouvaient déjà des difficultés pour répondre à la demande. Et cette crise a influencé sérieusement le marché international pétrolier. Anticipant sur la crise, l'Opep avait déjà réagi mercredi par la voix de son président en exercice, le ministre koweïtien du pétrole. L'Opep va faire son possible pour assurer la stabilité du marché pétrolier après les ravages causés par le cyclone Katrina dans le golfe du Mexique et discutera de mesures en ce sens au cours de sa réunion prévue les 19 et 20 septembre, avait déclaré son président à travers un communiqué rendu public le 31 août. L'Opep s'est engagé à discuter, « au cours de sa prochaine réunion en septembre 2005, de mesures supplémentaires qu'elle pourrait prendre, dans l'étendue de ses moyens, pour assurer autant que possible la stabilité des marchés mondiaux de l'énergie, en particulier la stabilité du marché pétrolier ». La production réelle de l'organisation dépasserait déjà le plafond officiel de 28 millions de barils par jour et on s'attend que nouvelles quantités soient mises sur le marché d'ici la fin de l'année grâce à l'entrée en production de nouveaux gisements. A New York, le brut a clôturé vendredi à 67,57 dollars perdant ainsi 2 dollars après l'annonce de l'AIE de puiser dans les réserves stratégiques de ses 26 pays membres. A Londres, le brent a reculé à 66,06 dollars le baril perdant un peu moins de deux dollars. Mais les prix restent nettement au-dessus des 60 dollars et ne sont pas loin des 70 dollars le baril.