Mardi 30 août, au lendemain de l'incendie qui a fait sept morts rue du Roi-Doré à Paris, Nicolas Sarkozy avait averti : « Il faut fermer tous ces squatts et tous ces immeubles pour arrêter ces drames et c'est ce que j'ai demandé au préfet de police. » Pour le ministre de l'Intérieur, « il s'agit de sauver des gens et d'éviter qu'ils se retrouvent en danger ». « Il faut fermer tous ces squatts et tous ces immeubles pour arrêter ces drames (...) parce que ce sont des êtres humains qui sont logés dans des conditions inacceptables ». Mais, en attendant un hypothétique relogement décent, ce ne sont que des palliatifs qui sont proposés aux familles désemparées. Trois jours après, la police vide deux immeubles insalubres. L'opération d'évacuation des squatts engagée vendredi va se poursuivre, la police ayant ciblé 65 squatts dans Paris. Depuis le printemps, une cinquantaine de personnes, en majorité africaines, ont péri dans des incendies d'immeubles anciens. Les incendies de logements insalubres ne sont pas nouveaux. En 1970, un incendie avait fait 600 sinistrés dans le bidonville du Franc-Moisin, à Saint-Denis. A la suite de ce drame, le gouvernement s'était engagé à éradiquer l'ensemble des bidonvilles pour fin 1972. Le problème du mal-logement, touchant essentiellement les familles immigrées, mais aussi les plus démunis, s'est aggravé. Les élus de gauche et les associations œuvrant dans le domaine du logement ou de la lutte contre l'exclusion ne décolèrent pas. « La stigmatisation des personnes les plus exposées à la crise du logement, c'est la grosse ficelle pour éviter de prendre des mesures de lutte contre la spéculation immobilière, la flambée des loyers, la marchandisation du logement social et, en règle générale, la crise du logement », accuse, indignée, l'association Droit au logement. Jean-Yves Mano, adjoint (PS) chargé du logement à la mairie de Paris, déclarait à Libération : « On ne sait pas où le ministre de l'Intérieur va s'arrêter... On tombe là, en effet, dans un racisme ciblé en s'attaquant de façon aussi délibérée à la communauté africaine, déjà frappée par des morts lors des incendies. » Le maire de Paris, le socialiste Bertrand Delanoë, a demandé que toute évacuation d'un immeuble insalubre soit le fruit d'une concertation préalable, rappelant que « l'évacuation d'un immeuble dangereux doit s'accompagner d'une solution alternative proposée aux personnes ». Quant aux immeubles évacués, ils « devront être réhabilités, puis réaffectés au logement social, et non livrés à la spéculation immobilière », a-t-il prévenu.