Ce ne sont pas les chiffres avancés par le directeur de la police générale de la préfecture de Paris qui feront taire la polémique. L'estimation de Yannick Blanc est loin des 750 familles à régulariser évoquées par le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy. « Le nombre de 720 à 1200 familles à régulariser, annoncé par le ministre, correspond aux familles qui ont reçu un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière (APRF) pendant l'année scolaire écoulée, arrêté dont l'exécution a été suspendue en application de la circulaire du 31 octobre. La nouvelle circulaire du 13 juin énonce des critères de régularisation qui concernent bien davantage de familles. A Paris, nous avions recensé 120 familles en attente de reconduite. Or nous avons déjà fixé 2300 rendez-vous, et ce n'est pas terminé », estime le préfet de police. Son ministre de tutelle a moyennement apprécié, craignant un appel d'air. Nicolas Sarkozy, avec son credo fermeté et humanité, a mouché son préfet. « Ce sera ferme et humain et tous ceux qui parlent de chiffres aujourd'hui parlent de sujets qu'ils ne connaissent pas », a lancé le ministre, en rappelant que les dossiers des sans-papiers avec enfants scolarisés seront étudiés « au cas par cas ». Il promet de rendre publics les chiffres : « Je rendrai des comptes aux Français une fois qu'on aura étudié tous les cas. Je serai humain parce qu'il le faut, je serai ferme parce que je le dois. » Et d'écarter l'idée d'une régularisation massive : « Il n'y a pas un pays qui considère qu'on doive donner des papiers définitivement parce qu'un enfant est inscrit à l'école. La régularisation massive et totale a conduit aux catastrophes que nous connaissons aujourd'hui. Les socialistes l'ont pratiquée à quatre reprises dans les vingt dernières années, ça n'a rien résolu, ça a aggravé le problème », explique le locataire de la Place Beauvau. Mais toujours, selon le préfet de police, les régularisations risquent d'être massives. elles toucheront des milliers de familles. Elles ne vont pas sans rappeler celles effectuées sous le gouvernement socialiste en 1997-1998, où 80 000 personnes étaient sorties de clandestinité. Les parents concernés — 4000 familles selon les associations — ont jusqu'au du 15 août pour déposer leur demande. Après cette date, pour les familles recalées, il y aurait un arrêté provisoire de reconduite à la frontière et un délai « de trente jours pour quitter le territoire ». « Ces trente jours passés, si elles sont encore en France, elles retomberont dans l'illégalité », avertit le préfet. Le Réseau d'éducation sans frontières, à l'origine de la mobilisation et du recul du ministère de l'Intérieur, demeure vigilant et continue de signaler des cas d'expulsion d'élèves sans-papiers comme celui d'Aminata Diallo, lycéenne de 19 ans, scolarisée à Sarreguemines, pendant toute l'année scolaire et née en France. « Aminata s'est fait piéger alors qu'elle se rendait à la préfecture pour demander sa régularisation, suite à la circulaire du 13 Juin ! Arrêtée en cours de chemin, elle est passée hier après-midi devant le juge des libertés. Elle a été placée en centre de rétention à Strasbourg », s'indigne le collectif d'association.