Bagages débordant des chariots, enfants sur les bras... Les émigrés entament la phase la plus désagréable des vacances : le retour. A l'aéroport Houari Boumediène d'Alger, une longue queue précède l'entrée du terminal. Les pleurs des enfants se mêlent aux soupirs des vieillards et aux ordres des policiers. Ces derniers tentent désespérément de mettre un peu d'ordre et de discipline. Certains prennent leur mal en patience, d'autres râlent sous prétexte que la file n'avance pas assez vite. De l'autre côté de la barrière, c'est l'agent de sécurité qui se plaint : « Le retour des émigrés, le cauchemar a commencé. » Cauchemar des deux côtés, et cela ne fait que commencer. Un dispositif a été mis en place dès le début de l'été par Air Algérie. Le but étant de faire face de manière pragmatique au déficit en sièges. Air Algérie a affrété pour l'occasion six avions : un Airbus 330/300 d'une capacité de 315 sièges, quatre Boeing de 780 sièges et un gros porteur type B747 de 430 sièges. La compagnie nationale a pu ainsi « absorber » la demande pour la phase aller (du 15 juin au 15 août). Depuis deux jours, la phase retour a commencé. Le dispositif mis en place pour l'aller reste en vigueur. Les mêmes avions seront mis à la disposition des passagers. Même si pour l'instant le personnel de l'aéroport ne remarque rien de particulier par rapport aux années précédentes, d'autres craignent surtout la dernière semaine du mois d'août, c'est-à-dire du 25 au 31. La semaine du vrai rush, selon un agent de sécurité. Pour l'instant, environ 7200 passagers par jour transitent par l'aéroport. La dernière semaine verra sans doute ce chiffre doubler ou tripler. Ceux qui ont encore la force de répondre, après avoir franchi les différentes étapes et guichets, ne se plaignent pas trop. Ils préfèrent garder en mémoire leur agréable séjour passé auprès de la famille et des amis. « Comme d'habitude, chaque été, c'est un peu le parcours du combattant », commente une passagère sur le départ. « L'aventure commence bien avant, au guichet d'Air Algérie d'abord pour prendre les billets », ajoute-t-elle. « Il faut trouver des places, se déplacer plusieurs fois, réserver... », se plaint-elle. Cette émigrée parle aussi des tracasseries administratives : les passeports à refaire, les visas et les longues journées interminables dans les salles d'attente aux consulats. Elle est néanmoins consciente du travail fourni par Air Algérie pour améliorer les conditions des voyageurs et parle de « progrès et d'efforts ». Elle souligne « un léger » mieux concernant les retards. Mais des reproches, la compagnie et le personnel de l'aéroport peuvent aussi en faire. Ils se plaignent du manque de « civisme » des voyageurs, de leur impatience et aussi de leurs bagages. Au port d'Alger, la situation est incontestablement plus visible. Les piétons d'un côté, les véhicules de l'autre. Tout le monde veut passer en premier et les plus disciplinés d'entre eux finissent par céder à force de voir des voitures doubler de partout. Pourtant, un nouveau port maritime a été ouvert aux voyageurs. « Avec toutes les infrastructures et toutes les commodités nécessaires pour rendre le passager moins stressé », insiste le directeur général du port d'Alger, M. Ferrah. Pour lui, le manque de civisme est la raison principale de l'attente avant l'embarquement. Et puis il y a aussi la marchandise transportée : les vieux meubles et le matériel électroménager désuet que les émigrés prennent avec eux. « On perd un temps fou à tout contrôler, et les gens ne comprennent pas qu'on ne peut pas aller plus vite ! Ils veulent tous rentrer ou sortir les premiers et, bien sûr, ils ne se rendent pas compte que cela empire les choses et accentue les retards », ajoute M. Ferrah. Le port d'Alger est bien sûr le plus concerné par ces rushs. En 1996, 100 000 passagers ont transité par le port de la capitale, 350 000 pour l'année 2003. Cette année, pour le seul mois de juillet, 40 000 voyageurs ont été enregistrés.