Une très longue file de voitures est immobilisée au niveau de la sortie Est de la localité côtière de Larhat, à 68 km environ à l'ouest de Tipaza. Les renforts de la Gendarmerie nationale se trouvent sur les lieux. Nous avons noté la présence du commandant du groupement de la Gendarmerie nationale de Tipaza, du chef de daïra de Damous et du président de l'APC de Larhat. Les trois responsables se trouvaient au milieu d'un groupe de personnes en train d'expliquer et de négocier avec les citoyens venus des hameaux du douar de Beni Ouarakchène. Il s'agit des habitants de cette zone extrêmement déshéritée située au sud de la localité de Larhat. Un peu plus de 80 familles survivent au milieu des massifs forestiers enclavés. Les visages de ces citoyens que nous avons pu côtoyer sont marqués par la misère et la précarité de leur quotidien. Ils ne font plus confiance aux responsables locaux. Ces derniers, selon nos interlocuteurs, ne sont plus crédibles. Même des hommes âgés, vêtus de l'habit traditionnel, ne s'empêchent pas d'afficher leur mécontentement. Ni logement, ni emploi, ni route, ni eau, ni électricité, ni transport. « Nous avons écrit au wali », dira un jeune au visage en sueur. Les citoyens ont entamé la déforestation d'une superficie d'un hectare et demi à l'entrée de la ville. « Nous voulons construire nos maisons dans cette partie », disent-ils. « Nos parents sont morts et n'ont jamais intéressé les responsables. Ils sont morts dans la misère », enchaîne-t-il. Alors que l'officier supérieur de la Gendarmerie nationale et le chef de daïra se sont éloignés d'un groupe de citoyens pour se rapprocher d'un autre, le président de l'APC de Larhat, issu du FLN et de surcroît résidant à Douaouda, tente, seul, de persuader le premier groupe. « Je ne suis pas là pour vous chasser de cet endroit. Mais sachez que j'ai pris en considération vos doléances et la réponse vous l'obtiendrez à partir de demain (aujourd'hui, ndlr). » Le commandant du groupement de la Gendarmerie nationale, revenu à la charge pour sensibiliser les hommes qui ont ras le bol de vivre au milieu des forêts dévastées après les derniers incendies, leur promet que tous les points évoqués seront pris en charge dans les plus brefs délais.