Des attentats du 11 septembre 2001 au cyclone Katrina, en passant par la guerre en Irak, l'image de superpuissance intouchable projetée par les Etats-Unis a été sérieusement ébranlée, soulignent les analystes. « Le 11 septembre a mis en lumière la vulnérabilité américaine, tout comme le cyclone Katrina, dans une autre mesure, l'a fait. Cela a montré que ce pays n'est pas si puissant ni si efficace », estime la Française Nicole Bacharan, auteure de plusieurs ouvrages sur les Etats-Unis. « Les Etats-Unis restent la première puissance mondiale, une puissance énorme sur les plans militaire, économique et culturel, mais ce n'est pas un pays tout-puissant. Le président George W. Bush en a pris la mesure en Irak et avec Katrina », ajoute-t-elle. Les récents événements en Louisiane ou la guerre en Irak déclenchée en mars 2003 sans l'aval de l'ONU ont montré que Washington « a besoin d'alliés, de travailler avec les autres », souligne Mme Bacharan. Selon elle, l'onde de choc du 11 septembre avait créé au sein de la population américaine un véritable mouvement de patriotisme, en partie remis en cause par la guerre en Irak, et s'est transformée en un sentiment de honte après les ravages de Katrina. L'hebdomadaire allemand Die Zeit note que « contrairement à ce qu'il avait fait après le 11 septembre 2001, George W. Bush ne peut pas détourner le choc collectif contre un ennemi extérieur ». Le choc de Katrina ira « peut-être plus loin encore que le 11 septembre en ébranlant l'image que se faisait d'elle-même une nation qui se considérait comme le vengeur et le protecteur des faibles, l'exportateur de l'ordre, de la démocratie et de la prospérité », a souligné Die Zeit. Un éditorialiste du New York Times, Thomas L. Friedman, expliquait cette semaine que le président américain a reçu « un mandat, presque un chèque en blanc » des Américains après le 11 septembre. « Malheureusement », écrit-il, « il n'a pas utilisé ce mandat seulement pour affronter les terroristes, mais pour mettre en œuvre un programme conservateur radical ». Quatre ans après, Katrina révèle « tant de choses que l'équipe Bush a ignorées ou distordues au nom de la lutte contre Oussama » ben Laden, et notamment le combat contre la pauvreté sur le sol américain, poursuit M. Friedman. Pour André Kaspi, expert au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) à Paris, les Etats-Unis sont tout simplement devenus la « superpuissance coupable » en prônant la « guerre préventive » après les attentats du 11 septembre.