A majorité des chauffeurs de taxi dans la wilaya de Annaba appréhendent sérieusement leur devenir avec la création de la société des transports taxi Amen. Ils ont réagi par le biais de leur syndicat affilié à l'UGTA, dénonçant ce qu'ils ont estimé être une concurrence déloyale. Les activités des conducteurs de taxi clandestins semblent être l'argument tout trouvé par ce syndicat pour menacer de recourir à la grève générale à compter du 10 septembre sans autre avis. Son président est allé jusqu'à affirmer que les taxis Amen n'ont pas le droit de stationner dans les stations, propriété de la commune. Toutes ces gesticulations ont pour principale cause la quarantaine de taxis flambant neufs, mis en circulation par la société privée des transports Amen. De couleur blanche, frappée d'une bande jaune portant sur les portières et à l'arrière le sigle et les numéros de téléphone de ladite société, ces taxis sont le reflet réel de ce que devrait être la mission du service public. Des conducteurs quotidiennement rasés de près, habillés d'une tenue conforme à leur qualification. Comme si la couleur, les numéros, le sigle de la société et les numéros de téléphone ne suffisaient pas, les chauffeurs portent un gilet sur lequel est inscrit, largement visible, leur identification professionnelle. Le sourire accueillant, un mot de bienvenue à la bouche, le propos courtois et aimable à tout instant forment l'escadron des qualités de cette nouvelle race de prestataires de services dans le milieu du transport des voyageurs. Des qualités qui forment les ingrédients de ce que les conducteurs de taxi du syndicaliste Ouled Meriem Fethi qualifient de « concurrence déloyale ». L'utilisation du compteur par les taxis Amen en est un autre. En effet, les agents conducteurs de cette société ne refusent jamais un client, quel que soit le nombre d'accompagnateurs, à hauteur, bien sûr, de ce que prévoit légalement la charge du véhicule. Comme ils ne refusent pas d'emprunter toute destination demandée par l'usager. Dans les taxis Amen, la propreté est de mise. Contrairement aux autres, le monte-glace n'est pas supprimé, aucune cassette audio n'agresse les oreilles de l'usager. Et lorsqu'on sait que, même transporté de part en part de la commune, chef-lieu de Annaba, à une vitesse tout ce qu'il y a de modérée, la course des taxis Amen dépasse rarement le montant de 45 dinars, il n'est pas étonnant de ne pas en trouver un de libre durant la journée. Tant de différences qui sont à l'origine de la colère de ceux qui, hier, ne s'arrêtaient pas pour prendre en charge une mère ou un père de famille accompagné de ses enfants, refusaient les routes en pente ou quelque peu accidentées et choisissaient leur propre itinéraire. « C'est une situation que je ne pouvais pas imaginer chez nous. Un conducteur de taxi tout sourire, le mot aimable, propre, facilement identifiable, se pliant avec amabilité au moindre caprice du client qu'il transporte et surtout qui se limite à demander le montant de la course visible sur le compteur, je n'y croyais pas. C'est pourtant la réalité que je viens de vivre pour la première fois. Bravo pour Amen et pour ses chauffeurs. Pourvu que ça continue », a indiqué Mme Samira, interrogée à sa descente du taxi Amen.