Aussi osé et utopique que puisse paraître le chamboulement de l'ordre établi du rite du mariage ou plus concrètement, la transgression et la remise en cause des mœurs et usages matrimoniaux, ces préjugés rédhibitoires commencent à présent à fondre comme neige au soleil. La démonstration en a été donnée par les habitants de la daïra de Teleghma dans la wilaya de Mila. L'idée pertinente qui consiste à porter la communauté teleghmie à déroger aux traditions surréalistes et à battre en brèche les lourdes contraintes financières générées par le faste et la bombance a pris, voilà une année déjà, une tournure tangible que tout un chacun pourra à loisir en apprécier la pertinence et les bénéfiques retombées sociales. L'initiative donc de faire front à la prodigalité et aux mirobolantes dépenses et charges pécuniaires, qui découlent de part et d'autre des familles, dont les enfants chéris ont décidé de convoler en justes noces, fera longue date dans les annales de cette région de la wilaya de Mila et ne manquera certainement pas de faire des émules. Pour la petite histoire, disons qu'il a été consensuellement convenu que la dot (esdaq) de la mariée soit réajustée à hauteur de 60 000 DA, alors qu'el djaria (trousseau et bague de fiançailles dans le jargon local) soit limitée à 30 000 DA, apprend-on auprès des riverains. « Fini la ripaille et les mets redondants. Les convives ont désormais droit ou devront plutôt se contenter d'une chorba frik et d'un succulent couscous », nous affirment les mêmes sources. Toute entrave ou violation de ces dispositions remise au goût du jour par les notabilités de la région sera assimilée à un acte hiératique et entraînera les foudres des sages et des chouyoukh de la communauté. Effectivement, c'est grâce à ces notables et autres personnalités charismatiques que cette idée lumineuse a pu faire son petit bonhomme de chemin et donner des résultats très flatteurs. La contribution des imams de la région à travers les prêches évoquant les sacro-saints principes de la clémence et de l'entraide entre musulmans a été pour beaucoup dans la réhabilitation de la notion du mariage, surtout pour porter cette dynamique sociale sur les fonds baptismaux de la moralité et de la bienséance. En tout état de cause, et alors que nombre de célibataires endurcis ont perdu toute illusion dans leur quête de dénicher l'alter ego, voilà qu'une lueur d'espoir est venue mettre du baume au cœur meurtri. D'aucuns diront que la perspective est plutôt réjouissante.