Alors que ces derniers jours les politiciens se bousculent à Annaba pour faire allégeance au projet de la charte pour la paix et la réconciliation appelée à être soumise au référendum du 29 septembre 2005, les 30% de la population active de la wilaya attendent toujours un emploi. « Le quota des contrats pré-emploi accordé à la wilaya est de loin inférieur aux besoins de notre wilaya », telle est la déclaration faite récemment lors d'une conférence de presse par le directeur de l'emploi. Elle n'est pas faite pour rassurer les jeunes demandeurs d'emploi, notamment ceux intéressés par un contrat pré-emploi. Ils sont deux fois plus que les 13 000 candidats annoncés par la direction de l'emploi à espérer en la concrétisation des engagements pris par le président de la République lors de sa campagne lors des dernières présidentielles. En 2005, seuls 1160 d'entre eux ont réussi à décrocher un contrat pré-emploi, alors que ce nombre était le double en 2004. Contrairement aux déclarations très optimistes du représentant local du ministère du Travail qui a parlé de « conjoncture économique favorable », la crise de l'emploi s'est accentuée dans la wilaya avec une barre du chômage toujours en hausse. La relance économique tant attendue semble avoir beaucoup plus profité aux gros barons de la finance locale. Des dizaines d'hectares de terrains destinés à l'investissement sont toujours entre les mains de la mafia locale du foncier. D'autres dans les 3 zones industrielles de Pont Bouchet, Meboudja, Berrahal et les zones d'extensions touristiques ont été attribués à des particuliers durant les années 1990. En 2005, ces terrains attendent toujours la matérialisation des projets pour lesquels ils étaient destinés. A lui seul, le groupe Urban qui vient d'enregistrer une recette de 200 millions de dinars, fruits des transactions foncières dans la wilaya de Skikda, détient un portefeuille foncier de 60 ha à Annaba. Les récentes et fracassantes révélations de l'ancien wali, évincé de son poste pour avoir osé s'attaquer à ces gros barons, ont fini par réduire à néant ce qui restait d'espoir pour ces jeunes. Certes, plus de 2000 d'entre eux, universitaires, ont vu leur contrat de pré-emploi renouvelé en 2005. Il reste que 2360 autres n'ont pas eu cette chance, eux qui en 2004, au moment d'apposer leur signature sur ce contrat, avaient cru en le début d'une nouvelle vie. Des 2000 ayant bénéficié d'un autre sursis pour continuer à travailler en 2005, 344 entre ingénieurs et techniciens supérieurs employés par la société indienne de sidérurgie Mittal Steel El Hadjar ont récemment organisé un sit-in devant le siège de la wilaya. Une rumeur, infondée selon le directeur de l'emploi de la wilaya, leur avait fait croire qu'ils allaient être licenciés. Un sit-in qui aurait irrité le wali installé il y a quelques jours. Le 31 août dernier alors qu'il présidait au 1er conseil de l'exécutif de wilaya, constatant l'absence à la réunion du directeur de l'emploi, ce commis de l'Etat avait difficilement contenu sa colère. « Je conseille à tous une présence assidue et une organisation dans les interventions. Je suis un homme de terrain et, en tant que tel, je jugerai sur le terrain même », avait précisé le wali. Treize jours plus tard, de wali présent sur le terrain il n'y a point. En attendant, les problèmes s'accumulent et bloquent une réelle relance de cette économie dont ce wali affirme vouloir faire son cheval de bataille. C'est dire que les 450 postes de travail permanents, créés en 2005 par la société turque de récupération des déchets ferreux implantée dans la zone industrielle du Pont Bouché, paraissent être une goutte dans l'océan. Cette société comme beaucoup d'autres de statut privé, aurait pu faire mieux. Si certains d'entre eux ont été confrontés à la bureaucratie appliquée par les décideurs locaux, d'autres ne trouvent pas d'interlocuteurs dans le secteur du foncier pour étendre leurs activités et ouvrir d'autres perspectives d'emploi.