Des textes réglementaires seront pris après le référendum sur le projet de la charte pour la paix et la réconciliation nationale pour prendre en charge certaines catégories », a déclaré, jeudi dernier, le chef du gouvernement. Invité de la nouvelle émission de l'ENTV, « Liqua tahrir » (Rendez-vous de la rédaction), Ahmed Ouyahia précisera que ces catégories concernent les ayants droit des disparus et les familles des terroristes. Mais aussi, et surtout, les 6000 éléments qui ont bénéficié de la loi sur la concorde civile mais dont le problème de réinsertion sociale se pose toujours, ajoutera-t-il. Le chef du gouvernement a rappelé qu'il reste un millier de terroristes dans les maquis et qu'un appel leur est lancé pour se rendre aux autorités. Car, indiquera-t-il, la charte pour la paix et la réconciliation nationale « aura certainement une limitation dans le temps, même si l'on ne peut pas pour l'instant donner une date butoir ». Il faut savoir que « les forces de sécurité luttent quotidiennement contre les groupes armés et qu'il n'y a pas eu de trêve », fera remarquer M. Ouyahia. L'importance du projet de la réconciliation, projet, dira-t-il avec insistance, à inscrire dans le contexte international où les activités des réseaux et des groupes terroristes qui activent à l'étranger risquent d'avoir un impact sérieux sur la situation en Algérie. Il citera, dans ce cadre, l'assassinat des deux diplomates algériens en Irak. C'est pourquoi le chef du gouvernement notera que « le peuple algérien s'accroche très fortement à ce projet et qu'il n'y aura pas d'amnistie générale ni de retour à la scène politique des membres de l'ex-parti dissous ». Cela même s'il a avoué qu'il accueille toute bonne initiative en faveur de ce projet, faisant allusion aux sorties de Madani Mezrag, ex-émir de l'AIS. Toutefois, Ouyahia tiendra à avertir que « si la société civile ne se réveille pas et n'assume pas ses responsabilités, des risques guettent encore l'Algérie ». Concernant ceux qui, au sein du pouvoir, s'opposent à la réconciliation, le chef du gouvernement précisera que « l'Etat est une pyramide qui compte 1400 000 d'agents dans les différents services et institutions ». De ce fait, « il faut chercher cette opposition chez ceux qui sont derrière la corruption et la bureaucratie... et non ailleurs ». Quant au soutien exprimé par l'armée dans sa revue El Djeich, Ouyahia répliquera par un rappel des différents contacts menés durant les années de feu entre de hauts officiers et les dirigeants de l'ex-FIS. A la question posée sur une éventuelle révision constitutionnelle, il répondra à sa manière : « Dans les arcanes du pouvoir, on n'évoque pas cette question. » Ceci tout en répondant au sujet de la désignation de Larbi Belkheir, directeur du cabinet du Président au poste d'ambassadeur au Maroc, que « l'essentiel, c'est de servir son pays là où c'est utile ». De là, il enchaînera sur sa visite programmée dans ce pays et qui a été annulée du côté marocain. « Il était convenu que la question du Sahara occidental devait être laissée comme une question de décolonisation aux mains de l'ONU, or les voisins ont réagi autrement ». Sur le plan socioéconomique, M. Ouyahia soutiendra que « 500 000 logements sont actuellement en chantier, un chiffre qui évoluera vers 700 000 d'ici la fin 2005, et en tout cas, le million de logements sera livré avant la fin 2008 ». Il ajoutera que 2000 milliards de dinars sont disponibles au niveau des banques pour servir de crédit, dont 50% iront au secteur privé. Il annoncera que « d'ici quelques semaines, un plan du Sud sera mis en route ». A propos de l'actuelle spéculation autour du prix du sucre, le chef du gouvernement a répondu que l'entrée en vigueur, le 1er septembre dernier, de l'accord d'association avec l'UE n'en est pas la cause. « Je crois que les commandes de sucre ont été faites avant cette date et donc, c'est une question de productivité et de compétitivité que nos opérateurs économiques devraient en avoir. »