L'ambassadeur sahraoui à Alger accuse le Maroc d'être le fief du terrorisme dans la région et appelle la France et l'Espagne à durcir le ton. C'est le Maroc qui bloque. Le constat, encore une fois, rappelé par le Front Polisario reste sans appel : le Maroc est de plus en plus isolé sur la scène internationale. Les pressions s'accroissent sur le royaume chérifien coupable de vouloir, au mépris de la légalité internationale, entraver la mise en oeuvre du plan Baker. Hier à Alger, Mohamed Yeslem Beissat, ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique, a animé une conférence de presse au cours de laquelle il a énuméré point par point, la position de la Rasd vis-à-vis du rapport du secrétaire général de l'ONU, document rendu public jeudi dernier, duquel il faut retenir l'inquiétude de ce dernier par rapport à l'impasse politique dans laquelle s'est fourvoyé le règlement de cette question. Lui emboîtant le pas, le diplomate sahraoui pointe du doigt la partie marocaine qu'il accuse, sans ménagement, de s'inscrire contre la volonté et la légalité internationales. «L'impasse politique est du fait du Maroc et non des pays voisins et acteurs dans cette crise, comme certains en font écho», lance l'ambassadeur sahraoui pour qui l'heure a officiellement sonné, pour que le Conseil de sécurité durcisse le ton face au Maroc, «un pays qui s'est rebellé contre la légalité internationale» et à qui «il faut demander des comptes, voire sanctionner», et d'ajouter: «Il faut être courageux contre ce pays!» La France et l'Espagne, deux pays que le conférencier accuse de duplicité par rapport à cette question, sont sommés de faire pression sur Mohammed VI pour l'application des résolutions du plan Baker. «Le moment est venu pour que ces deux pays (la France et l'Espagne) cessent de soutenir la politique dangereuse du Maroc», a-t-il encore une fois appelé. Mohamed Yeslem Beissat, en réponse aux réserves exprimées par Kofi Annan au sujet de la prolongation du mandat de la Minurso et de l'éventuelle diminution de ses membres, pense, au contraire, qu'il faut renforcer l'équipe onusienne, la doter en moyens ainsi que prolonger son mandat. A une question de savoir si le recours au combat armé contre le royaume chérifien est prévu par la partie sahraouie, le représentant de la Rasd à Alger, tout en insistant sur la détermination de son pays à user de tous les moyens pacifiques, a néanmoins concédé l'éventualité d'une telle décision au cas où le colonisateur persiste dans son refus à reconnaître le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Sur la question de la libération des prisonniers de guerre, celui-ci rappelle les résolutions du plan Baker et exhorte les autorités marocaines à relâcher les détenus sahraouis et de donner aussi suite au sort réservé aux disparus. Aux recommandations faites, la semaine précédente, par le comité spécial chargé d'étudier la situation concernant l'application de la déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux, l'orateur se dit satisfait de constater que tous les pays s'intéressent de près au règlement et s'impliquent davantage dans ce cadre pour le règlement de ce conflit, selon les résolutions du plan de l'ONU. «Il y a un consensus dans cette commission au sujet de notre droit à l'autodétermination. Même la Chine et la Russie y sont favorables.» Etant un «acquis» et une «grande victoire» pour la cause sahraouie, les propositions de l'instance onusienne sonnent, selon M.Beissat, comme une défaite cuisante pour la partie marocaine et marquent, on ne peut plus clairement, son isolement sur la scène internationale, du moment que ces mêmes suggestions accréditent, de la façon la plus officielle qui soit, les résolutions du plan Baker et le droit à l'autodétermination explicité par l'ONU via les résolutions 14-15 de 1960. Se lançant dans une véritable diatribe contre le Maroc, un pays qu'il accuse de violation à grande échelle des droits de l'Homme. M.Beissat considère que la monarchie chérifienne est le berceau du terrorisme international et un exportateur de terroristes à travers le monde. «Le Maroc est l'Afghanistan de l'Afrique du Nord», l'a-t-il comparé, en appelant la France et l'Espagne à changer de position vis-à-vis de ce pays, sinon c'est toute la région qui se retrouverait, de fait, exposée à un scénario-catastrophe.