Le présent fait par la commune de Tadmaït (à 17 km à l'ouest de Tizi Ouzou) au président de la République, lors de sa visite à la wilaya de Tizi Ouzou avant-hier, un léopard empaillé datant de 1925, a mis la localité en émoi et sa jeunesse en colère. Ainsi, la ville de Tadmaït a connu, hier, une matinée de protestation et d'escarmouches ayant opposé les forces anti-émeutes à des dizaines de jeunes, dont 6 personnes ont été arrêtées par les forces de l'ordre, après la fermeture du siège de l'APC pour revendiquer la restitution de ce léopard symbole de la ville aux mille martyrs. Selon les citoyens rencontrés sur place, « il n'est pas question d'accepter cet acte, car ce léopard est une partie de notre mémoire, de notre histoire ». Massés devant le siège de l'APC, des dizaines de jeunes faisant face à des éléments de la police anti-émeute, ne décolèrent pas et attendent la restitution de « cette pièce de musée offerte au président en catimini », comme le souligne un jeune de Tadmaït. Cet animal, qui était exposé depuis 1925 au siège de l'APC de Tadmaït, est le dernier spécimen de l'Afrique du Nord. Abattu à l'époque par un jeune chasseur de 28 ans, Mohamed Abid, à Tablat Outarki (Rocher du Turc) dans le massif de Sidi Ali Bounab, ce léopard a une valeur sentimentale particulière pour la population locale. Aujourd'hui, le fils de ce trappeur est consterné. Les larmes aux yeux et du haut de ses 75 ans, il nous dit : « La disparition de mon défunt père ne m'a pas fait autant mal que la prise de force de notre emblématique animal. » Selon notre interlocuteur, « quatre personnes seraient entrées à l'intérieur du siège de l'APC, au retour du cortège présidentiel de la ville de Tizi Ouzou, et ont pris la dépouille puis rejoint le convoi officiel ». A ce sujet, le chef de daïra de Draâ Ben Khedda nous répond : « La population de Tadmaït a confié au président de la République le léopard empaillé lors de sa visite. Dégradé, le président a ordonné sa restauration et son transfert au musée national de l'armée pour figurer au patrimoine national. » Quant aux escarmouches d'hier matin, notre interlocuteur, précise : « Un groupuscule se préparant à participer aux élections du 24 novembre prochain a manipulé une quarantaine de jeunes. Je me suis personnellement rendu à Tadmaït et discuté avec ces jeunes en leur expliquant ce qui s'est produit et ce qui allait advenir de l'animal. Mais ils ont préféré fermer l'autoroute, ce qui a suscité l'intervention des forces de l'ordre. »