La population de Tadmaït ne décolère pas et affirme ne baisser les bras qu'avec le retour de leur mascotte. En effet, et lors de la visite du président qui a marqué une halte dans cette ville, des fonctionnaires ont décidé d'exposer le léopard empaillé, qui jusque-là trônait dans le bureau du maire, donc des reponsables ont voulu l'exposer comme c'est la coutume dans la région. Mais voilà, ce léopard, un magnifique fauve empaillé n'a pas réintégré son « gîte » à la nuit tombée. Aussi, les citoyens ont-ils fait une démarche auprès des autorités ayant emprunté cette mascotte et ont demandé son retour comme promis. Or, il semble que le léopard ait été emporté à Alger, contrairement aux assurances données à la population. Les citoyens, outrés par cette démarche incompréhensible, ont aussitôt fermé le siège de la mairie et exigé un entretien avec des responsables. Le chef de daïra, touché par téléphone, a promis d'arriver dans la matinée. Mais les jeunes gens impatients ont aussitôt compris que les responsables fuyaient la population et ont procédé à la fermeture de la RN 12 et ont entamé une marche de protestation. D'ailleurs, les sages de la commune ont usé de toute leur aura pour essayer de calmer les jeunes, en vain ! Des responsables aussi bien civils que militaires ont essayé de parlementer avec les manifestants mais ces derniers refusent d'entendre tout raisonnement et réclament le retour de leur mascotte. Les événements se précipitent et des renforts de police sont acheminés de Tadmaït. Les ingrédients d'une échauffourée sont réunis. La ville baisse rideau et les éternels face-à-face reprennent. Les sages ne savent plus quoi faire, la violence habite la cité, une cité réputée pourtant pour son calme et sa sérénité. Les grenades lacrymogènes et les pierres ont été échangées allégrement. La tension n'a heureusement pas duré et le calme est revenu avec l'entrée en lice des sages. Mais il se trouve que ce léopard est la mascotte de la ville et les gens y attachent une importance particulière car elle est en somme un peu l'histoire de la région. Dans Tadmaït, redevenue soudain le centre de protestation avec la ville fermée, la RN 12 barrée, les gens «ne comprennent pas pareil geste et se disent surtout outrés par cette procédure!» Et tous d'exiger le retour au bercail de la mascotte. Abattu vers 1926 ou 1927 par un chasseur de la région, feu Abid Hamou du village d'Igharbiène, dans la commune de Tadmaït, dans le massif de Sidi Ali Bounab le dernier représentant de la faune sauvage est empaillé et trône dans les bureaux de la mairie de Tadmaït. Le chasseur, à l'époque, devait d'ailleurs recevoir une attestation de la part des services du gouvernement général de l'Algérie. Pour les citoyens de cette ville, le léopard représente en fait une partie de l'histoire de la région. Cette région appelée communément Iflissen Ou Mellil par opposition à Iflissen El Bhar qui a toujours été irrédentiste, attache une importance particulière à cet animal car selon des jeunes gens de cette commune, il est le témoin de la vie d'autrefois quand nos ancêtres «bataillaient» avec les animaux sauvages tout comme il marque le courage de l'homme! Le léopard de Tadmaït, en fait de Sidi Ali Bounab, a été maintes fois exposé par les associations culturelles et aussi par la commune de Tadmaït et, récemment, encore les Algériens ont eu l'occasion de voir l'animal empaillé à la télévision.