L'interwilayas des archs, à travers la délégation ayant mené jusqu'ici le dialogue avec le chef du gouvernement sur la mise en œuvre de la plateforme d'El Kseur, demande des explications au chef de l'Etat sur les déclarations faites à Constantine et fermant définitivement la porte devant la possibilité d'officialiser tamazight. Tamazight ne sera pas officielle, avait lancé le président de la République, jeudi dernier, contredisant à l'occasion un élan pris depuis la signature du protocole d'accord global entre le chef du gouvernement et la délégation du mouvement citoyen et entièrement basé sur la promesse tacite d'une officialisation de langue. Les animateurs des archs, en réaffirmant leur détermination à ne pas « céder sur cette revendication phare portée par plusieurs générations », tel qu'exprimé dans la déclaration, annoncent donc la couleur et laissent donc entendre qu'ils se réservent le droit de quitter la table des négociations. D'autant que les propos de Bouteflika sont qualifiés de provocateurs et de semeurs de la division et de la haine. C'est tout le processus de dialogue engagé depuis près de deux ans, avec ses ruptures et ses reprises, qui s'en retrouve menacé, avec les conséquences imprévisibles que cela peut induire. Le mouvement des archs, qui a repris langue avec le gouvernement au début de l'année en cours, au prix de décantations douloureuses en son sein et d'oppositions fermes de nombreux sigles politiques, notamment ceux implantés en Kabylie, n'aura d'autre alternative que de couper les ponts avec la gouvernement au cas où le chef de l'Etat ne revenait pas sur ses déclarations. Une possibilité fort hypothétique si l'on juge par le ton utilisé par Bouteflika à Constantine. La rupture du dialogue aura sans doute comme effet immédiat la consolidation du camp des non-dialoguistes, des partis politiques (le RCD et le FFS), dont on connaît l'hostilité envers le processus de dialogue, et enfin une possible relance de la crispation politique dans la région. Mais bien avant la rupture possible, c'est tout le crédit du chef du gouvernement et son degrés de sincérité sur le dossier qui s'en retrouvent sérieusement ébranlés. D'aucuns se demandent, d'ailleurs, si la tonitruante sortie constantinoise du président de la République, pourtant en campagne pour la réconciliation nationale, n'est pas destinée à déstabiliser le secrétaire général du RND et à déclarer d'autorité l'arrêt du processus du dialogue entamé depuis près de deux ans, quitte à remettre au goût du jour les ingrédients d'un nouvel épisode de tension dans la région de Kabylie.