C'est aujourd'hui que s'ouvrent les bureaux de vote dans les consulats algériens en France. Les résidents ont jusqu'au 29 septembre pour se prononcer sur le « projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale ». L'abstention risque de sortir vainqueur des urnes. Comme si de rien n'était. Nous sommes loin de la fièvre qui avait pris tous les résidents algériens lors de l'élection présidentielle de 1999. Ce référendum suscite au mieux l'indifférence, sinon un certain rejet. Nombreux sont les électeurs qui n'ont pas reçu de la part des services consulaires dont ils relèvent le projet de charte. C'est par les médias nationaux et communautaires qu'ils se disent informés. Quant à la campagne électorale, les tenants du oui qui ont invité la communauté résidant à l'étranger à se distinguer par un vote massif ne semblent pas douter du résultat, car, disent-ils, « qui peut être contre la paix, condition indispensable de la stabilité et du développement du pays, et qu'il ne s'agit ni d'impunité, ni d'amnistie générale », à l'instar du ministre délégué aux Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, qui a sillonné l'Hexagone avant de se rendre en Belgique et en Allemagne, ou de Hachemi Djiar, conseiller du Président Bouteflika. Toutefois, ce sont les non, même s'ils ne se font pas trop d'illusions sur l'issue du scrutin, qui semblent avoir le vent en poupe, conduits par un Aït Ahmed revigoré, plus tenace et plus opposant que jamais. Aujourd'hui, un important rassemblement, organisé par le Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA), aura lieu place de la République. Parmi les invités, en plus des organisations humanitaires et de défense des droits de l'homme, encore Aït Ahmed. « Des milliers de victimes de ces années sanglantes veulent obtenir réparation et la possibilité de pouvoir enfin vivre en paix. Nous les comprenons, car nous aussi, familles de disparu(e)s, portons dans notre chair les stigmates de cette guerre terrible. Nous souhaitons, cependant, leur dire que ce texte, publié le 15 août par le gouvernement et que les Algériens s'apprêtent à voter, ne prône que l'oubli et l'impunité des coupables au détriment de la vérité et de la justice, racines essentielles d'une société enfin unifiée », s'indigne le CFDA. Mardi prochain, ce sera au tour de Saïd Sadi, président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), de convaincre que le refus de cette charte est « un acte citoyen ». Le président du RCD donnera une conférence de presse au Centre d'accueil de la presse étrangère (CAPE) pour dire non à ce projet.