Avec une corniche longue de 12 km, des sites touristiques et archéologiques d'une grande beauté, une population hospitalière, le tourisme à Annaba aurait dû se développer ces dernières années. Ce qui n'a apparemment pas été le cas. Dans leurs bulletins internes, mais aussi par le biais de leurs associations, les spécialistes du secteur entre hôteliers, restaurateurs, agences de voyage et de tourisme tentent de démontrer que tout autant que la direction du tourisme de la wilaya, eux aussi font des efforts. « Pour un réel développement du tourisme national, source importante de devises après le pétrole, il faut une volonté politique. Il est impensable de parler de développement quand partout il n'y a que blocage et bureaucratie et que les banques refusent malgré de sérieuses garanties d'accorder des crédits. Echaudés par tous les problèmes, y compris par celui du foncier où la corruption sévit comme jamais, le manque d'eau potable et de viabilisation dans certaines zones, les investisseurs nationaux étrangers refusent de s'engager », considère Mohamed-Tahar K., hôtelier. L'argumentaire avancé par les investisseurs est complexe. S'y enchevêtrent les mauvaises raisons, les arguments crédibles et les explications discutables. C'est ce qu'a tenté de comprendre le wali de Annaba en accordant mardi dernier à ce secteur une attention particulière à l'occasion d'une visite d'inspection et de travail sur le terrain. De Chetaïbi, sa Zone d'extension touristique (ZET) baie ouest encore vierge et son charme discret à Aïn Berda capitale des chasseurs et El Bouni avec Sidi Salem et sa grande balafre urbanistique en passant par Annaba sa corniche, sa ZET de Ras El Hamra sa dolce vita, ses cabarets, yachts, commerces de luxe, ses festivals populaires, tout a été passé en revue. Malgré les quelques améliorations relevées dans la fréquentation de la wilaya par les touristes étrangers, le constat est amer. Pis, bien qu'attrayante, la wilaya rejette à l'extérieur de ses murs les investisseurs bâtisseurs sources d'emplois et de revenu fiscal pour les communes. Dans cette grande cité qui fut l'artisan du boom de l'emploi durant les années 1970-1980, le tourisme est toujours à l'agonie. A la ZET du cap de la corniche de Annaba, une étude laisse apparaître 22 projets sur plus de 159 ha. La majorité de ces projets entre hôtels, motels, bungalows, thalasso, centres de vacances et de loisirs, sport, commerciaux et culturels, est confrontée à de grandes difficultés de réalisation. Six formant une capacité d'accueil de 1184 lits sont en cours de travaux. Trois à Aïn Berda (10 lits), Majestic (296), Sabri (684), seront mis en exploitation courant 2006. A l'exception de celui du petit port (48 lits) qui attend le bon vouloir de la banque pour compléter son ameublement, les autres ne sont pas prêts de sortir des gros œuvres. Les travaux de la plupart sont à l'arrêt. La direction du tourisme de la wilaya ne s'avoue pas vaincue pour autant. Gestionnaire de ce secteur stratégique qu'est le tourisme pour l'économie nationale, elle n'a même pas un siège. C'est dans un KGB faisant fonction de bureau directorial que le premier responsable reçoit les investisseurs nationaux et étrangers. Pour relancer son secteur, il a mis en place, après bien des difficultés, un office local du tourisme à Chetaïbi, Aïn Berda et Sidi Salem. Il n'a pas pu le faire dans la commune chef-lieu de wilaya de Annaba, le président d'APC étant certainement insensible au tourisme, aux emplois qu'il peut créer et aux recettes municipales qu'il peut générer. « Comment parler de développement du tourisme à Annaba, alors que le premier responsable de ce secteur siège dans un poulailler. De quelle extension des capacités d'accueil hôtelières parle-t-on, lorsque la commune de Annaba s'accapare plus de 28 ha et une entreprise publique de plus de 6 ha. Comment peut-on parler d'investisseurs et d'investissements, lorsque les banques refusent d'accorder des crédits ? Comment peut-on croire que la destination touristique Algérie pourrait intéresser des touristes alors que les moyens de transport sont excessivement chères et que les prestations de service sont médiocres », s'interroge notre même interlocuteur. C'est dire que cette sortie du directeur de l'exécutif a mi à nu un grand nombre de perfections qu'il lui sera très difficile de rattraper. A l'image de ce projet d'hôtel à la caroube traversé par une ligne électrique à haute tension et réalisé sur une surface propriété d'une coopérative. « Celui qui a accordé le permis de construire pour ce projet n'a pas vraiment la tête sur les épaules. Je me pose des questions sur la régularité de cet acte », a indiqué le wali. Et quand on sait que pour la zone d'expansion touristique cadastrée de la corniche de Annaba, 111 demandeurs d'investissement créateurs de 2150 postes de travail attendent ; il y a lieu de se poser des questions sur la compétence de certains et l'intégrité morale d'autres parmi les gestionnaires du quotidien de la population de la wilaya de Annaba.