Les nombreuses cités-dortoirs ne font plus rêver. Avec le temps, la métamorphose qu'a connue la corniche bônoise n'est sûrement pas tout à fait à son honneur, car les signes distinctifs qui la rehaussaient au rang de ville de standing, n'y sont plus. Compliqué à gérer tout ça, surtout quand les projets structurants ne soignent pas les plaies de la défiguration du littoral, et les espoirs s'effondrent au même moment où l'Etat multiplie les incitations pour que le «privé» investisse dans le secteur du tourisme. Les nombreuses cités dortoirs, les affreux lotissements dont la conception est en totale contradiction avec les qualités reconnues de cette région en matière d'urbanisation et d'architecture ne font plus rêver au qualificatif tant galvaudé de la «prestigieuse corniche annabie». Pendant des années, le laisser-aller et la dégradation de la qualité de la vie, notamment aux plus forts moments des années sanglantes (1990-1999), se sont soldées par un état de banalisation et une clochardisation inqualifiable de cette corniche. Le manque de prise en charge des infrastructures d'accueil qui font la beauté et l'importance d'une ville balnéaire telles que les hôtels, les complexes, les espaces verts et les loisirs; sans pour autant oublier les principaux éléments d'un vrai tourisme dont la sécurité, la propreté des artères, les rues larges et ombragées, une occupation rationnelle des espaces, rétrécissent comme peau de chagrin. Des années durant, le littoral annabi aux deux millions de visiteurs par an, s'est agrandi d'une manière étonnante et de façon désordonnée. La corniche n'a pas conservé son cachet de localité «coloniale», confirmé par l'architecture et le plan d'urbanisme de l'époque, basé sur une conception moderne qui diffère des autres régions du pays. D'une corniche de villégiature où l'on aurait pu implanter de grands hôtels, et complexes touristiques, elle s'est transformée en une véritable ville où ont été érigés des immeubles, tours à l'image de la tours d'El Katara, ou encore ces commerces qui, installés l'un à côté de l'autre, font rappeler les souks. Autre cas de désolation sur cette corniche, la bâtisse de Bel Azur, qui, depuis sa construction en 2001 n'a pas été peinte, et la saleté de sa façade repousse tout visiteur. Cette image est un exemple concret de ce qu'une mauvaise évolution, et un développement anarchique apportent comme inconvénients à une ville où il faisait bon à vivre auparavant. Depuis quelque temps et dans une tentative d'assainissement et d'embellissement, plusieurs actions sont menées par les services de la commune de Annaba pour tenter de redorer le blason terni de la corniche devenue, par la force des choses et l'ineptie des hommes, sale et repoussante. Dans ce contexte, beaucoup de citoyens se posent la question suivante: Annaba, retrouvera-t-elle un jour son aspect initial, surtout pour ceux qui l'ont connue dans ses meilleurs moments? Tout espoir ne semble pas perdu pour réhabiliter cette ville balnéaire tant défigurée par les nouvelles constructions inesthétiques dont la conception est sujette à critique. Dans cet ordre des choses, les nombreux lotissements très mal viabilisés se distinguent par une monotonie qui se caractérise par une succession de bâtisses lourdes et impersonnelles où tout centre de vie et d'activités est inexistant. Ces images hideuses et douloureuses constituent la plaie de tout le littoral annabi qui paie, actuellement, les effets de la crise.