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Politique monétaire, quel choix ?
Finances
Publié dans El Watan le 25 - 09 - 2005

Le taux de change officiel, qui constitue la dimension à court terme de la politique monétaire, relève du domaine technique et est donc régi par des mécanismes appropriés mis en œuvre dans la sphère bancaire. Mais la fixation de la parité d'une monnaie locale, le dinar algérien par exemple, ne peut être opérée de façon volontariste ou en dehors des objectifs nationaux de développement à long et moyen termes et des prévisions quantitatives des plans annuels.
Cette règle, partout observée, doit l'être davantage dans une économie comme celle de l'Algérie, caractérisée par une forte dépendance du marché mondial pour ses importations de biens et services et de capitaux. Pour les exportations, constituées essentiellement de produits énergétiques, l'incidence du taux de change est beaucoup moins cruciale. Ses implications sur le financement du budget de l'Etat, très sensible aux recettes pétrolières, peuvent en effet être prises en charge par une réforme du système fiscal. Ainsi, quel que soit le choix effectué dans ce domaine, un dinar fort ou un dinar déprécié ne peut convenir à l'ensemble des secteurs de l'économie nationale. Tout dépend en fait des objectifs assignés à chacun d'eux et de leur situation en termes de poids dans l'économie, de degré de dépendance vis-à-vis de l'extérieur et de compétitivité par rapport au marché mondial. La politique des changes apparaît donc comme la résultante d'une approche globale. La parité du dinar sera donc déterminée en fonction de la variante du plan qui maximise les principaux agrégats ciblés par les stratèges de l'économie nationale. Pour le secteur des travaux publics algérien, la réalisation de l'autoroute Est-Ouest, évaluée à 7 milliards de dollars, constitue un marché potentiel inespéré qui ouvre des perspectives très intéressantes pour les opérateurs algériens du secteur, mais aussi pour le pays en général. En effet, ses relations intersectorielles étant ce qu'elles sont, il exerce un rôle d'entraînement sur plusieurs pans de l'économie et devient donc, aux côtés du logement, un acteur central pour la relance et le développement. Toutefois, pour devenir effective et avoir un impact qui ne se limite pas à la seule construction de nouveaux ouvrages et infrastructures, cette manne du marché doit dépasser plusieurs obstacles et écueils. Certes, les pouvoirs publics ont, dans le cadre de la concertation avec les entrepreneurs algériens du secteur, exprimé leur souhait de les voir prendre une part très importante de ce marché. Mais dans le même temps et à contresens, des concepts sans justification valable dans la réalité de l'économie algérienne actuelle, apparaissent çà et là avec récurrence. En premier lieu, il y a l'hypothétique recours au système des concessions. Apparu ailleurs comme réponse au tarissement du financement public, il est clair que cette formule, qui suppose une concentration de capitaux et un partenariat entre acteurs de diverses sphères, soit autant de comportements qui n'existent pas encore chez nous, équivaut à éliminer de fait les entreprises algériennes. Tout juste si elles auraient un rôle secondaire, peu rémunérateur... Ceci au moment où notre pays, conforté par ses réserves en devises et la persistance d'une « conjoncture(1) » favorable du marché pétrolier, devrait même éviter le financement de ce secteur par les institutions financières internationales(2) pour les gros inconvénients qu'il présente. Ces dernières imposent en effet des critères qui orientent plus ou moins le choix vers les entreprises étrangères. Un autre écueil réside dans la mise en avant presque dogmatique de la notion de réduction des délais de réalisation. La différence du secteur du logement par exemple, où ce paramètre est effectivement déterminant, eu égard au déficit à combler au plus tôt et à son impact social, dans le secteur des travaux publics, les délais de réalisation induisant le rythme de croissance sectoriel devraient être déterminés sur la base d'une cohérence avec les rythmes de développement des autres secteurs économiques. Ainsi, au nom de quelle rationalité devrait-on par exemple réaliser un taux de croissance de 20% sur cinq ans au niveau de routes si pour la même période, les échanges commerciaux et les mouvements de voyageurs terrestres restent stables ou augmentent de moins de 10%. Assurément, aucune ! L'enjeu à ce niveau n'est bien entendu pas limité à cette observation méthodologique. ll réside plutôt dans la répartition des parts de marché entre les entreprises algériennes et étrangères. Car, dans un secteur où les carnets de commandes sont alimentés à travers une compétition quasi systématiquement ouverte à la concurrence internationale, les critères d'octroi des marchés publics prennent une importance primordiale. Et, précisément sur le critère des délais, l'entreprise de réalisation algérienne accuse un déficit de compétitivité assez conséquent sur ses concurrentes étrangères. Cela traduisant simplement son retard technologique et la vétusté de ses équipements induite par un désinvestissement durant près de deux décennies. Ces deux lacunes sont de toute évidence difficiles à combler à court et même à moyen termes : la première de par sa nature même, la seconde en raison du système de financement interne des investissements inadéquat et pénalisant. Toujours dans ce domaine vital de la compétitivité, les entreprises algériennes arrivent par contre à rivaliser et même à supplanter parfois les entreprises étrangères au niveau du critère prix. Essentiel dans le choix, il devrait même être rendu prépondérant dans le secteur des travaux publics pour les raisons objectives évoquées ci-dessus. En effet, l'Entreprise algérienne de travaux publics arrive à faire valoir certains atouts comme :
Une bonne maîtrise d'une panoplie plus ou moins moderne de techniques de réalisation ; avec les limites signalées.
Les avantages liés à l'implantation locale de ses installations de production et de ses équipements et engins de travaux. Variant entre 5 et 6% du montant des travaux d'un grand projet pour les entreprises algériennes, le très difficile pour les opérateurs étrangers de s'inscrire dans cette fourchette.
Un taux d'intégration verticale très poussé qui, sur une opération donnée, procure un avantage par rapport à des entreprises astreintes à sous-traiter plusieurs tâches ou activités.
Enfin, la part des importations directes dans un projet représente, pour un sous-secteur important des travaux publics pris comme exemple, autour de 35%. Mais pour une entreprise étrangère qui met en œuvre des technologies avancées faisant appel à des équipements et des intrants spécifiques inexistants sur le marché local et un personnel de mise en œuvre spécialisé, donc forcément expatrié et payé en devises(3) au même titre que les personnels de management et d'études, il est objectivement impossible de rester dans ce taux ni même de l'approcher. Autrement dit, la part des importations de biens et services est nettement plus grande pour les solutions techniques proposées par les entreprises étrangères.A ce niveau-là, la parité du dinar prend une importance décisive dans la mesure où selon le taux de change en vigueur, le système de prix comparatifs, appliqué précisément à ce surplus d'importations, donnera ou non un avantage aux entreprises algériennes. Il se trouve que le taux de change actuel du dinar leur est justement favorable et leur confère un avantage comparatif, seule protection effective et efficace à court et moyen termes. Il y va de leur pérennité. Il se trouve aussi qu'il est un des derniers instruments de régulation qui échappe encore à l'encadrement réglementaire international.
NOTES :
1 - Il est à se demander s'il sied encore de parler de conjoncture pour un phénomène qui dure autant.
2 - Ce type de financement, très utile par ailleurs, devrait être réservé aux secteurs moins stratégiques et plus compétitifs.
3 - En réalité, il est plus précis de parler de paiement en devises et selon le système de prix du pays concerné ; exemple : payer des salaires sur la base des barèmes de ce pays concerné.


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