Le FMI a émis, récemment, le souhait de voir le gouvernement algérien réévaluer la monnaie nationale pour la mettre à un niveau qui refléterait les nouvelles données économiques du pays, dont les réserves de change sont estimées à septembre 2008, à environ 150 milliards de dollars. une proposition à laquelle le gouvernement a répondu par la négative. Le docteur Abderrahmane Mebtoul a tenu à analyser les arguments des deux positions. En guise de justification de sa position, l'Algérie a fait savoir que 98 % de sa production proviennent des ressources éphémères et la réévaluation du dinar aurait comme conséquence directe l'explosion des importations. On ne peut envisager la réévaluation du dinar que s'il y a une production hors hydrocarbures. Aussi, pour le gouvernement algérien "le taux de change effectif réel du dinar est proche de son niveau d'équilibre et la politique de change de l'Algérie a pour objectif, depuis la seconde moitié des années 1990, la stabilisation du taux de change effectif réel à long terme du dinar". Le risque donc, selon le gouvernement, est un transfert massif de capitaux, d'autant plus qu'au niveau du marché parallèle actuellement le dinar est échangé avec un taux de 120 dinars pour un euro. Une réévaluation ne creuserait-elle pas cet écart ? Cet argument du gouvernement est soutenu par l'Association des banques (Abef), rappelons-le, en majorité des banques publiques donc relevant de l'Etat, pour qui la valeur du dinar par rapport à la parité internationale est stable depuis 10 ans, changeant en fonction de la valeur des monnaies de référence, notamment le dollar et l'euro. Mais il existe des sous entendus à travers le communiqué du gouvernement. Une réévaluation du dinar, outre la hausse du coût salarial reconverti en devises fortes, aurait immédiatement une conséquence économique avec des incidences sociales et politiques du fait du fondement du système rentier. 75% des recettes fiscales provenant des hydrocarbures libellés en dollars au niveau international mais reconverti en dinars au niveau du marché intérieur, une réévaluation par exemple de 30% entraînerait une diminution de la même proportion creusant le déficit public et devant forcément entraîner une rationalisation des dépenses publiques alors qu'existe une dominance des emplois rentes via une distribution passive de la rente pour assurer une paix sociale certes transitoire. Ceci d'autant plus que l'Algérie est lié par un accord d'association avec l'Union européenne applicable depuis le 1er septembre 2005, allant vers un dégrèvement tarifaire zéro à l'horizon 2012/2015, il ne lui sera pas possible d'augmenter les taxes douanières. Quant aux arguments du FMI, celui-ci estime que les arguments de dynamisation des exportations et de compétitivité hors hydrocarbures ne tiennent pas la route face à la situation actuelle de l'économie algérienne car avec un euro 100 dinars, il a été impossible de dynamiser les exportations hors hydrocarbures et ce, depuis de longues années, malgré des assainissements répétées des entreprises publiques et des recapitalisations répétées des banques publiques. Aussi, le FMI estime que la réévaluation du dinar est susceptible de contribuer à mieux adapter l'Algérie aux mutations mondiales, de dynamiser l'investissement local et d'attirer les investissements étrangers à valeur ajoutée, donc facteur de création d'emplois et de croissance. Par ailleurs, elle permettrait d'améliorer le niveau de vie des Algériens, car en maintenant le taux de change à sa parité actuelle, et malgré les subventions évaluées pour 2008 à 1,5 milliard d'euros ( solution de facilité car elles profitent même aux plus favorisés alors que cela suppose le ciblage par couche sociale), cela signifie, avec l'envolée des prix au niveau international, l'Algérie important presque tout, un transfert d'une partie de ces hausses des produits de base sur le consommateur algérien. En effet, en termes de parité soit en dollars ou en euros nous aurons une augmentation du pouvoir d'achat des Algériens de 30 %. Le Smig actuellement de 120 euros serait alors de 156 euros, et les produits importés coûteront 20 % moins cher. En conclusion les arguments de la Banque d'Algérie, selon le docteur Mebtoul, ne sauraient concorder avec la logique du Fonds monétaire international. La réévaluation de la monnaie nationale et la conséquence qui devrait s'ensuivre l'intégralité de la convertibilité du dinar (encore qu'elle est effective sur le plan commercial hormis les lourdeurs administratives dans les délais du virement) ou pas, n'est pas un acte technique mais une décision d'une importance politique cruciale qui a des incidences économiques et sociales, qui devront être débattues sereinement. Cela est intiment lié à la problématique de la réforme globale et à l'urgence d'une visibilité dans la démarche de la politique socioéconomique. En plus qu'il faille tenir compte de l'importance de la sphère informelle produit du système bureaucratique, qui contrôle 40% de la masse monétaire en circulation avec une intermédiation financière informelle limitant la politique monétaire globale du gouvernement, supposant son intégration intelligente pour asseoir un Etat de droit et l'économie de marché concurrentielle loin de tout monopole qu'il soit public ou privé.