La mesure d'interdiction de l'importation des véhicules de moins de trois ans, qui prendra effet à partir d'aujourd'hui, a pesé sensiblement sur les marchés automobiles d'occasion. Mercredi dernier, au marché hebdomadaire d'Ouled Fayet, à l'ouest d'Alger, la mesure était sur toutes les lèvres. Mais se sont surtout les vendeurs qui en parlaient le plus, manière de vouloir mettre la barre très haut et préparer l'acheteur à accepter leurs prix proposés. Une attitude qui avait comme conséquence immédiate la flambée des prix des voitures de moins de trois ans. Une conséquence somme toute prévisible, souligne Hamid, courtier assis au volant de sa Citroën Xsara HDI, fraîchement importée de France. « Je trouve que c'est logique de voir augmenter les prix des véhicules de moins trois ans dans la mesure où il se feront de plus en plus rare après le 26 septembre », explique-t-il. Un avis que partagent plusieurs vendeurs et revendeurs de ce type de véhicules. Venu de Tipaza pour dénicher une éventuelle occasion de moins de trois ans, Yazid avait du mal à cacher sa déception. « C'est le troisième marché que je fait en l'espace d'une semaine et les prix ici sont plus qu'élevés, ils sont même irrationnels », nous dit-il en faisant signe à son compagnon pour rentrer... on préfère attendre Les prix en fait n'étaient pas loin de ceux du neuf que vendent la plupart des concessionnaires installés en Algérie. Fortement prisées, les marques françaises ont été les plus touchées par l'augmentation des prix suivies des marques allemandes. Le prix d'une Renault Clio II de moins de trois ans varie, selon les options, entre 70 et 75 millions de centimes. La Peugeot 206 diesel, toutes options, a atteint quant à elle les 75 millions de centimes ; ce qui n'est pas du tout son prix, estime Nabil, habitué des marchés d'occasion. « Il y a une semaine dans ce même marché, la même 206 coûtait au maximum 65 millions », indique-t-il, lui qui reste tout de même optimiste quant à un retour à la normale des prix après le 26 septembre. En fin connaisseur, il nous ajoutera que la quasi-totalité des vendeurs et des revendeurs des véhicules de moins trois ans « ne sont pas venus aujourd'hui pour vendre mais c'est beaucoup plus pour voir la tendance que prendra le marché ». Les berlines allemandes, très cotées également chez les amateurs des quatre roues, à l'instar notamment de la Golf TDI cinquième génération, sont devenues hors de portée. Les moins de trois ans pour ce type de bolide a atteint les 210 millions de centimes contre 175 à 182 millions de centimes il y a un mois. Devant un tel renchérissement, beaucoup parmi les potentiels acheteurs rencontrés au marché, venus s'offrir un véhicule, ont été dissuadés par les prix et ont préféré attendre un peu pour voir clair après. D'autres cependant estiment qu'avec un tel niveau de prix, il vaut mieux opter pour un véhicule neuf. Du côté des chasseurs d'occasions de plus de trois ans, des véhicules un peu vieillis, la crainte de voir les prix augmenter est grande. « Avec la hausse des prix des moins trois ans, il y aura un grand rush sur les plus anciennes, ce qui va automatiquement faire grimper le prix de ces dernières à leur tour », estime Djilali, qui affirme avoir une grande expérience en tant que courtier spécialisé dans les véhicules d'occasion de plus de trois ans. « Je viens d'assister à la vente d'une Super 5, année 89, qui a été cédée à 35 millions de centimes. Apparition des asiatiques C'est très cher pour une caisse pareille, la même chose avec les Renault Clio, première génération, qui sont proposées à partir de 45 millions de centimes », affirme-t-il. Jusque- là vendues exclusivement sur le marché du neuf, auprès des concessionnaires, les marques de véhicules asiatiques notamment les sud-coréennes ( Daewoo, Hyundai et Kia) font de plus en plus leur apparition sur le marché d'occasion. C'est ce qu'on a pu vérifier au marché de Ouled Fayet où sont exposées des Nubira, Atos, Rio, Cielo et Matiz. Leurs prix cependant restent loin derrière ceux des autres marques européennes de la même année de fabrication. Néanmoins, même parmi les marques asiatiques, des exceptions. C'est le cas notamment de la phénoménale Cielo, marque du constructeur sud-coréen Daewoo. Cette marque contrairement aux autres jouit d'une bonne réputation auprès des utilisateurs à tel point qu'elle a fini par s'imposer sur les marchés d'occasion. Une Cielo, nouvelle caisse, essence, année 2000, est proposé à partir de 51 millions de centimes. Un prix que beaucoup d'acheteurs trouvent raisonnable ! Le succès de cette marque sud-coréenne annonce-t-il d'autres ? Attendons pour voir. Mais d'ores et déjà est-il judicieux de savoir qui va bientôt profiter ce segment de marché des véhicules de moins de trois ans ? Les concessionnaires ou le marché de l'occasion de plus de trois ans d'âge ?