L'annulation de la grève et la marche arrière engagée par les organisations estudiantines qui dominent le campus Emir Abdelkader sont-ils des signes conjoncturels liés à l'ambiance de la paix référendaire ou bien le début d'un profil bas stratégique qui se soumet aux menaces gouvernementales ? Il faudra attendre sans doute l'après-29 septembre et la rentrée universitaire réelle qui correspondra cette année avec le Ramadhan pour le savoir. Comme chaque année, à l'occasion de la rentrée, les problèmes liés à la prise en charge des étudiants refont surface et donnent à ces organisations l'occasion d'occuper le terrain. Cette fois encore, le déficit en matière d'hébergement et les carences du transport, qui doit satisfaire pas moins de 60 000 étudiants, viendront chauffer le chaudron revendicatif de l'UGEL, l'UNEA et autre LNEA. La manifestation, organisée dans la nuit du lundi près de la résidence Mentouri pour un problème de restauration, est l'exemple parfait du comportement devenu systématique des résidents face au moindre problème. Les organisations se sont toujours saisies de cette colère pour faire pression sur l'administration et se placer comme représentation incontournable de la communauté. A Constantine, les membres de ces organisations, véritables militants politiques des partis tuteurs, ont souvent recours à la violence pour imposer leur diktat et répandre leurs idéologies, notamment pour les islamistes. La vocation politique est dominante chez l'UGEL et l'UNEA et demeure au service des jeux du MSP et du FLN au point de sacrifier les intérêts de l'étudiant. Entre la grève suicidaire, organisée en juin contre la suppression de l'enseignement de la charia et la décision prononcée il y a trois semaines de revenir calmement aux bancs, il ne s'est pas passé grand-chose si ce n'est les injonctions données par les partis de Abdelaziz Belkhadem et Bouguerra Soltani pour faire régner la réconciliation nationale dans les campus. Qu'en sera-t-il donc après le référendum ? Le calme sera-t-il de rigueur cette fois ou bien va-t-on assister au retour de l'ébullition et des grèves interminables ? Il y a, cependant, un élément nouveau cette année, à savoir la détermination du ministère de l'Intérieur à sévir contre les pseudos organisations qui versent dans la violence et à pacifier l'université. Profession de foi qui devra être appliquée à moins d'un refus des deux partis de l'alliance présidentielle.