La protesta n'a pas fait sa rentrée à l'université des sciences islamiques de Constantine. Les étudiants du campus Emir Abdelkader avaient pourtant menacé de reprendre leur mouvement de grève jusqu'à annulation de la décision prise par le gouvernement de supprimer l'enseignement de la charia au palier secondaire. C'était en juin dernier et, souvenons-nous, les grévistes avaient refusé de participer aux examens et boycotté de même les synthèses. Cette résistance avait rencontré une sourde intransigeance de la part du gouvernement, ce qui a compromis l'admission des 2700 étudiants du campus. La décision appuyée par Ouyahia avait été saisie par le FLN et le MSP pour faire pression sur leur allié dans la coalition présidentielle, en vain. L'UNEA et l'UGEL, qui avaient piloté la grève, ont dû le constater pour ensuite faire un virage à 180 degrés, réconciliation oblige, et obéir aux instructions de leur chapelle politique. C'est en substance ce qui est sorti de l'assemblée générale tenue dimanche par les organisations estudiantines. Ces dernières ont, en effet, décidé d'abandonner la grève et de se soumettre, comme si de rien n'était, aux mesures imposées par la réforme de l'université. L'été a, sans doute, été instructif pour ces activistes qui changent facilement de fusil d'épaule au grand mépris des étudiants qu'ils défendent, pourvu que leur politique (au sens étroit du terme) y gagne quelque chose. Dans le communiqué rédigé à l'issue de l'AG, les signataires ont cependant conditionné la reprise normale des cours par l'abandon des sanctions prises par l'administration à l'encontre des meneurs de la grève ainsi que la tenue de la série complète des examens et non, seulement, les rattrapages. Des conditions acceptées par le rectorat et entérinées par le conseil scientifique de l'université réuni hier dans une session extraordinaire. Le rapport du conseil invoque « les conditions exceptionnelles de la rentrée et le climat politique et social général » et fait référence à la charte pour la paix et la réconciliation du président de la République pour décider de répondre positivement à l'ensemble des revendications des étudiants tout en fixant le début des examens au 17 septembre. La politique fait ainsi un bras d'honneur au projet de réforme et s'impose une nouvelle fois comme unique alternative pour régler les problèmes à l'université.