Les prix du pétrole continuent d'enregistrer des records inimaginables il y a à peine un semestre. Hier à New York, le pétrole brut a ouvert sur un prix record et a atteint même les 49,40 dollars le baril, soit à moins d'un dollar d'un nouveau seuil psychologique de 50 dollars. A Londres, le brent a dépassé le seuil des 45 dollars le baril avec une cotation en séance à 45,15 dollars le baril. En six mois, les prix du pétrole ont augmenté de plus de 15 dollars le baril, portés par de multiples facteurs aussi bien structurels que conjoncturels. La forte demande enregistrée en Asie, notamment en Chine et en Inde, mais aussi aux Etats-Unis avec la reprise de la croissance, s'est conjuguée à une situation d'incertitudes notables chez plusieurs pays producteurs de pétrole comme l'Arabie Saoudite, l'Irak, le Nigeria ou le Venezuela. L'augmentation des prix ces derniers jours avec l'approche de la barre des 50 dollars est due principalement à la situation en Irak et à la menace qui pèse sur les exportations de pétrole. Ces dernières ont été réduites de moitié à 900 000 barils par jour (b/j). Cette absence d'une bonne partie de la production irakienne pourrait faire franchir au prix le seuil des 50 dollars. Certains faits agissent comme de véritables étincelles. Les menaces proférées par des proches de Moqtada Sadr de brûler les puits de pétrole en cas d'offensive américaine sur la ville sainte de Najaf ont fait augmenter les craintes d'un arrêt des exportations de pétrole irakien. Le sabotage, hier, d'un oléoduc près de Kirkouk et l'attaque jeudi dernier contre les bureaux de la compagnie de pétrole du sud de l'Irak (SOC), qui supervise les exportations à Bassorah, ainsi que la violence des combats à Najaf entre les troupes de Moqtada Sadr et celles de la coalition ont fait monter de plusieurs crans la pression qui pèse directement sur le marché avec la crainte de voir du pétrole manquer sur le marché, et ce, au moment où les stocks doivent être reconstitués à la veille de l'hiver. La situation actuelle sur le marché pétrolier est inédite. Producteurs et consommateurs expriment leurs préoccupations tout en avouant leur incapacité à peser sur le cours des évènements. Le gouvernement américain, par la voix de son secrétaire au Trésor, John Snovo, juge les prix du pétrole excessifs au regard des fondamentaux économiques sans toutefois pointer son doigt en direction de l'OPEP comme cela se faisait auparavant. L'OPEP, qui pompe au maximum avec une production record de près de 30 millions de b/j, se dit, elle aussi, très préoccupée par la hausse continue des prix du pétrole tout en avouant à demi-mot son incapacité à peser sur le cours des évènements. Producteurs et consommateurs savent actuellement que le fond du problème réside dans la faible marge qui existe entre l'offre et la demande. Au cours de la dernière décennie, le pétrole n'a pas été vendu à sa vraie valeur, et cela se répercute sur le marché dans une situation de forte demande. Pourtant, la situation n'est pas aussi noire qu'on le pense puisque le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Rodrigo Rato, table toujours sur une croissance mondiale d'environ 4,6% en 2004. La déclaration a été faite à un quotidien de Barcelone. Alors que des sources proches du FMI ont indiqué que ces prévisions seront revues à la hausse à environ 4,9%. Malgré des prix du pétrole en hausse continue, l'économie mondiale ne devrait pas en pâtir, du moins pas en 2004.