Les informations en provenance de Tunisie sont alarmantes. Elles portent sur le durcissement vis-à-vis des gens de la presse et tous ceux qui symbolisent la liberté d'expression. Mettant à profit cette opportunité mondiale qui se prépare, le Syndicat des journalistes tunisiens a appelé à la libération de plusieurs journalistes, celle des jeunes internautes de Zarzis, tous emprisonnés parce qu'ils avaient tenté d'informer ou de communiquer. Le même syndicat a également appelé à l'ouverture des sites Internet fermés des défenseurs des droits de l'homme et des opprimés de la politique. C'est dire qu'à quelques semaines de la tenue de ce sommet pour lequel une trentaine sur les 70 attendus entre chefs d'Etat et chefs de gouvernement ont confirmé leur participation, le régime tunisien est aux abois. La Tunisie de la politique et de l'information est en ébullition pour, affirme-t-on du côté des tenants du pouvoir, une réussite totale de cette manifestation. Outre les représentants d'organisations non gouvernementales (ONG) et des universitaires à l'échelle planétaire, les organisateurs onusiens s'attendent à recevoir quelque 17500 participants. Initiatrice de ce sommet, l'Organisation des Nations unies s'est lancée pour faire de cette rencontre le sommet des solutions durables. Avec pour objectif le développement à l'échelle mondiale, ces solutions devraient permettre de meilleures approches dans les domaines de l'emploi et de la justice entre les peuples. Elles portent aussi sur la recherche de ressources financières nécessaires pour réduire l'écart numérique entre les peuples et la gouvernance Internet. Selon des experts ayant suivi les travaux préparatoires du sommet de Tunis, des divergences sont apparues lors des deux réunions préliminaires à Genève entre les représentants de gouvernements et ceux des ONG. Nées de positions gouvernementales persistantes axées sur les aspects techniques tels l'écart numérique, la multiplication des PC à travers le monde, notamment, auprès des contrées les plus défavorisées ainsi que l'appel à la création d'un Fonds de solidarité numérique (mis en place en mars 2005), ces divergences réapparaîtront lors du sommet de Tunis, ont estimé les mêmes experts. De toutes les recommandations des ONG, celle qui doit faire aboutir à plus de liberté d'expression, d'accès à Internet et à la libération des « prisonniers d'Internet » dans le monde gêne énormément les autorités tunisiennes. Et même si officiellement, elles avancent le chiffre de 700 000 internautes tunisiens en 2005 et envisagent d'atteindre 3 millions en 2006, elles ne sont pas prêtes d'ouvrir totalement leurs frontières virtuelles à l'appétit de leurs compatriotes internautes. D'où, le climat délétère entre l'Etat tunisien et les ONG, notamment celles des droits de l'homme et de défense de la liberté d'expression. Le cas du Syndicat des journalistes tunisiens (SJT) en est un exemple. A l'occasion d'une rencontre des journalistes maghrébins à Alger à laquelle il a participé, Mahmoud Dhaoudi, le secrétaire général, a sévèrement critiqué les conditions opprimantes de préparatifs de la société civile pour le sommet de l'information en Tunisie. Connu pour son engagement à défendre la liberté de presse et d'expression, ce syndicaliste a estimé que ces préparatifs ont été à l'origine de violentes confrontations entre le pouvoir tunisien et les représentants de la société civile. « Les préparatifs du sommet ont réellement démarré le 28 décembre 2004 sous la direction d'une dizaine d'ONG des droits de l'homme, des libertés de l'association de lutte contre la torture et celle des femmes démocrates. La veille de la tenue du sommet préparatoire de Genève en 2004, les avis étaient différents. Il y avait ceux qui appelaient au boycott du sommet pour imposer au régime tunisien plus de liberté dans tous les domaines et secteurs de la communication. Nombreux étaient les autres estimant nécessaire une forte participation pour faire entendre la voix des opprimés et dénoncer les pratiques du régime en place. « Des pratiques en contradiction avec les objectifs que s'est assignée d'atteindre l'ONU en choisissant la Tunisie comme pays hôte de cette manifestation mondiale », avait indiqué M. Dhaoudi.