Le comité national pour la libération de Mohamed Benchicou et de Hafnaoui Ghoul a été reçu, hier, par la conseillère aux affaires culturelles et à la presse de l'ambassade américaine, Mme Elisabeth Colton. Cette rencontre fait suite à celles ayant eu lieu avec les ambassadeurs du Canada, d'Italie et du chargé des affaires au niveau de l'ambassade de France. La délégation, composée des éditeurs de presse privée et du secrétaire général du Syndicat national des journalistes (SNJ), a exposé la situation alarmante des droits de l'Homme et de l'exercice des libertés. Le comité a informé la représentante de l'ambassade des Etats-Unis de la démarche entreprise auprès des pays du G8 afin de les sensibiliser, quant aux graves dépassements contre la liberté de la presse, notamment l'escalade de la démarche répressive du pouvoir contre la libre expression. Cette escalade est mise à nu avec l'emprisonnement du directeur du quotidien Le Matin et le journaliste correspondant Hafnaoui Ghoul. Mme Elisabeth Colton a pris acte de ces explications qu'elle transmettra à son gouvernement. Pour rappel, cette dernière a déclaré après l'emprisonnement de M. Benchicou que le gouvernement des Etats-Unis était “totalement contre le harcèlement mené contre la presse”. Une déclaration qui reflète en fait la position de principe de Washington qui est que “le gouvernement US encourage et soutient la liberté de la presse” partout dans le monde. Par ailleurs, le comité prépare un grand dossier exhaustif sur l'ensemble des dépassements, documents à l'appui, par rapport à la liberté de la presse. Ce dossier sera communiqué à l'opinion nationale et internationale. La mobilisation des journalistes, intellectuels et militants de droits de l'Homme prend de plus en plus d'ampleur au niveau national et international. Des rassemblements et des manifestations sont prévus prochainement à Paris et à Bruxelles. À l'intérieur du pays et dans la wilaya de Tizi Ouzou, les correspondants de presse appellent les citoyens de cette ville à prendre part à un sit-in qu'ils organisent, mercredi 23 juin 2004, à10 heures, devant le tribunal pour exiger la libération de Hafnaoui et de Mohamed Benchicou et pour la liberté de la presse et d'expression. Dans une déclaration rendue publique, hier, et signée par plus de 25 confrères, ils relèvent que “les éditeurs et les journalistes sont régulièrement harcelés depuis des mois, condamnés à des peines de prison avec sursis et à de lourdes accusations aussi fallacieuses que les précédentes”, on peut lire dans le document que “l'acharnement que reflètent ces très graves atteintes à la liberté de la presse souligne bien la volonté du pouvoir de museler toute la presse et tous les professionnels qui n'obéissent pas à ses injonctions.” Au-delà, sont également visés les partis politiques, les syndicats, les associations et la société civile qui ne s'inscrivent pas dans la logique du pouvoir. Le bureau régional du Syndicat national des journalistes dans la wilaya de Djelfa, en guise de protestation contre l'emprisonnement de Hafnaoui Ghoul, correspondant dans cette ville, a décidé de boycotter les travaux de la session ordinaire de l'APW de Djelfa, prévue les 20, 21 et 22 de ce mois. Par ailleurs, l'Association progrès des étudiants de l'université des sciences humaines à Bouzaréah a appelé, avant-hier, tous les étudiants et toutes les forces vives de la société à se mobiliser et à se solidariser pour exiger la libération immédiate des deux journalistes emprisonnés. “Au moment où les terroristes sont amnistiés, les militants de la démocratie , des droits de l'Homme, du mouvement citoyen du Sud, de Kabylie et des Aurès sont injustement incarcérés et même torturés comme ce fut le cas à T'kout. Cela c'est fait en instrumentalisant la justice pour assouvir l'appétit d'un système rentier, bureaucratique et corrompu”, notent-ils. M. B.