C'est dans la nuit de dimanche que des brigades de la police des finances ont perquisitionné une vingtaine d'appartements et d'entreprises appartenant à des Algériens suspectés d'appartenir au Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Des documents de propagande islamiste, des cassettes vidéo et des CD ont été saisis par les enquêteurs, qui surveillaient la cellule depuis des mois. L'opération a débuté suite à des informations recueillies révélant que le groupe avait des contacts avec plusieurs cellules dormantes en Europe, surtout en Belgique, en Grande-Bretagne et en Espagne, où les Algériens arrêtés auraient tissé des liens avec les auteurs des attentats de Madrid. Ce coup de filet a été déclenché par les forces de sécurité italiennes, sur signalisation des services de renseignements des USA, pays où Lounici a été considéré, en mars 2004, par le département d'Etat, comme étant l'un des principaux financiers des réseaux terroristes en Europe. Le chef d'inculpation auquel devront répondre les onze Algériens est le terrorisme international, le recrutement de terroristes et la falsification de documents. Installés dans les villes de la Lombardie (Milan), les activistes algériens avaient réussi à mettre sur pied des entreprises d'import-export, d'informatique et de textile, qui leur servaient comme couverture pour drainer des fonds importants et les envoyer, notamment, vers l'Algérie. Les autorités italiennes ont déjà entamé des discussions avec les responsables algériens pour parvenir aux relais, en Algérie, de la cellule milanaise. Parmi les Algériens identifiés lors de ce coup de filet, plusieurs se trouvent déjà en prison pour des délits moins graves que le terrorisme, dont le fameux Djamel Lounici, porte-parole de l'ex-Fis en Italie, et qui se trouve aux arrêts domiciliaires, dans la périphérie de Milan, depuis des années. Lounici a été condamné à mort par la justice algérienne qui le tient pour l'un des responsables de l'attentat de l'aéroport Houari Boumediène, perpétré en août 1992. Ses complices, dans cette affaire, ont été exécutés en 1993. Lui a su mobiliser en sa faveur, en Italie, des politiciens de gauche mal informés, qui lui ont évité l'extradition vers la France ou l'Allemagne, où il était recherché, et lui ont fait obtenir le régime clément des arrêts à domicile. Son bras droit et beau-père, Othmane Deramchi, qui avait obtenu l'asile politique en Italie, a été arrêté l'été dernier à Marseille par la police française qui le poursuivait depuis des mois.