Loin de tenir des propos alarmistes, un spécialiste algérien en pathologie aviaire, travaillant en Allemagne, affirme que « le risque d'introduction directe du virus de la grippe aviaire par des oiseaux sauvages, à partir des foyers asiatiques, sur le sol algérien, n'est pas négligeable ». Le docteur Brahim Cherifi explique que « durant les mois froids, les oiseaux voyageurs n'hésitent pas à franchir de longues distances pour atteindre les côtes d'Afrique du Nord ». Diplômé en pathologie aviaire de l'école vétérinaire d'Alfort de Paris et travaillant comme clinicien en Bavière (Allemagne), il explique que « les oiseaux migrateurs peuvent introduire le virus en Algérie. Des flux importants de populations d'oiseaux d'Europe occidentale, appartenant à des espèces diversifiées, migrent vers des zones d'Afrique du Nord, où elles peuvent cohabiter pendant l'hivernage avec des populations d'oiseaux d'Europe de l'Est, de Russie et d'Asie, rendant l'intercontamination possible, notamment, lors des rassemblements autour des plans d'eau », décrit le docteur Cherifi. Un brassage à grande échelle peut alors se produire. « Ces oiseaux sauvages, relate-t-il, peuvent suivre un axe de migration de l'Asie, région très touchée par l'épidémie, filer vers le Sud-Ouest, en survolant au passage l'Europe, pour rejoindre l'Afrique du Nord. » D'après ce spécialiste, c'est cette route qu'empruntent plusieurs espèces de canards (dont le canard siffleur et la sarcelle d'hiver) et d'oies (comme l'oie rieuse), mais aussi divers échassiers et passereaux, fuyant à tire-d'aile les frimas nordiques. Certains hivernent en Europe, d'autres poussent jusqu'au-delà du détroit de Gibraltar. Dix pays d'Asie sont touchés par la grippe aviaire qui a fait au moins dix morts. Si l'Algérie n'importe pas d'intrants avicoles à partir des pays où sévit actuellement la maladie, les oiseaux migrateurs constituent la principale cause de la propagation de ce virus grippal qui affecte essentiellement les volailles. L'homme peut se contaminer par contact direct avec des animaux vivants malades de l'espèce aviaire. Le virus est principalement véhiculé par les oiseaux migrateurs. Et, la crainte principale est celle d'une introduction indirecte du virus à partir de zones d'hivernage africaines. Ce risque, considère ce spécialiste, est « réel ». De multiples espèces nichant en Europe prennent leurs quartiers d'hiver en Afrique du Nord. « C'est le cas des deux espèces d'hirondelles, de la cigogne blanche, du martinet noir, du coucou gris, ou encore de petits passereaux des marais comme le phragmite des joncs. Si les volatiles malades, contaminés par un virus hautement pathogène, ne sont pas capables d'effectuer de longs et harassants trajets, il n'en demeure pas moins que les sujets porteurs sains, peuvent véhiculer le virus, même si il n' a, à ce jour, jamais été décrit dans les conditions naturelles d'oiseaux sauvages vivants et porteurs sains de virus aviaires hautement pathogènes », indique le docteur Cherifi.