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Rassemblement des familles de disparus hier à Alger
« Rendez-nous nos enfants ! »
Publié dans El Watan le 29 - 09 - 2005

Tandis que des proches de disparus exigeaient en criant de faire sortir leurs enfants « de sous terre », le cortège présidentiel empruntait à vive allure la trémie sous la place Addis Abeba sur les hauteurs d'Alger.
Hier, des membres de SOS Disparu(e)s, de l'Association nationale des familles de disparus (ANFD) et de la Coordination nationale des familles de disparus (CNFD) se sont retrouvés devant le siège de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH, officielle). « Elles sont là chaque mercredi, depuis des années, nous en avons l'habitude », lâche un officier de l'ordre public qui dit ne pas faire de la politique. Renfort policier et tension à cause de la présence de journalistes étrangers sur place et du passage attendu du cortège du Président Bouteflika qui recevait le prix Louise Michel, « la vierge rouge », militante anarchiste française, décédée en 1905, décerné par le Centre d'études politiques et de sociétés de Paris lors d'une cérémonie au Palais du peuple, à un virage de la place Addis Abeba. Une journaliste de Canal Algérie interviewe une mère de disparu. « Le sujet ne passera jamais », atteste un membre de SOS Disparu(e)s. « Même blessée, après avoir perdu mon fils Hocine, je veux que toute la jeunesse vive en paix. Tous les jeunes sont mes enfants. Ce sont tous des Hocine », dit une mère de disparu, alors que des collégiennes s'arrêtent et s'amusent à tenir des banderoles avec les autres mères. Un officier de police les pousse doucement à poursuivre leur chemin. Des cortèges escortés d'ambassadeurs et de ministres passent. Les mères redoublent de slogans : « Bouteflika, on veut la vérité... Vous n'allez pas nous faire peur. » Vont-elles voter aujourd'hui ? « Nous sommes tous pour la paix, mais nous voulons également la vérité », résume une mère de disparu. « Nous espérons que cette charte soit le début d'un processus vers la vérité », souhaite l'épouse du journaliste disparu Djamil Fahassi. Midi et quart, le cordon policier se rapproche. Bouteflika va passer par là ? « Il ne veut apparemment pas quitter le Palais du peuple », ironise un policier. Dix minutes plus tard, les berlines sombres encadrées par des motards remontent tombeau ouvert de l'ancien palais d'été vers le palais d'El Mouradia en passant sous la Place Addis Abeba, loin des slogans « Barakat el hogra (assez de mépris) !... La grâce aux assassins, où sont les disparus ?! ». La pression des policiers se relâche d'un coup après le passage souterrain du chef de l'Etat. Une vieille femme cherche toujours son époux, Ferdjaoui Zitouni, qui aurait été arrêté, il y a dix ans à l'âge de 82 ans par des Patriotes de Berbissa, dans la wilaya de Tipaza. Une autre dame reste sans nouvelles de son fils, Bouati Brahim, militaire qui aurait été arrêté par le commissaire de Barreaux rouges, à Oued Korich, à Alger, le 17 novembre 1994. « Qu'ils relâchent les vivants comme signe d'apaisement et puis qu'ils nous disent où sont les morts », propose une vieille dame en voile blanc. « On a écouté les discours de Bouteflika, mais on n'a pas compris ce qu'il allait réellement faire après le 30 septembre », dit une autre mère de disparu. 13h, les familles se dispersent. « A mercredi prochain », se disent-elles entre elles. De Londres, Amnesty International (AI) a demandé aux autorité algériennes de « garantir le droit des proches de ‘‘disparus'' et des militants des droits humains d'exprimer pacifiquement leurs opinions ». L'ONG a rappelé l'interpellation par la police de proches de disparus à Constantine, le 22 septembre, non loin du stade où le Président Bouteflika a animé un meeting. Secrétaire générale de l'Association des familles de disparus de la wilaya de Constantine, Louiza Saker a déclaré à AI que les « membres des forces de sécurité les avaient battues et insultées et qu'ils leur avaient asséné des coups de poing et des coups de bâton ». AI a demandé au gouvernement algérien de garantir que « la charte pour la paix et la réconciliation nationale ne permette pas l'adoption de mesures visant à criminaliser les activités légitimes des défenseurs des droits humains, des victimes et de leurs proches ».

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