L'arrestation des 9 personnes jugées proches du GSPC, lundi dernier, est-elle une opération policière « ordinaire » ou un coup médiatique de plus du ministre de l'Intérieur dans sa course à l'Elysée. Pour une fois, la présence des caméras de télévision dessert, à contrecoup, Nicolas Sarkozy. « A la minute à laquelle je vous parle, des arrestations ont eu lieu. Ce sont des arrestations préventives, mais ceux qu'on a été chercher savent pourquoi on a été les chercher. » La phrase prononcée par Nicolas Sarkozy sur le plateau de « Pièces à conviction », diffusée sur France 3 lundi dernier, mais enregistré le 21, a suscité une grande polémique politico-médiatique. Le quotidien Le Parisien et le Parti socialiste (PS) reprochent au ministre de l'Intérieur d'avoir annoncé, lors de l'enregistrement d'une émission télévisée, l'arrestation de 9 personnes proches des milieux islamistes, dont El Watan s'est fait l'écho cinq jours avant qu'elle ait effectivement lieu. Ce que l'entourage du ministre de l'Intérieur dément. Le Parti socialiste a demandé au ministre de « s'expliquer dans les plus brefs délais sur les conditions dans lesquelles il a été amené à s'exprimer par anticipation sur une opération de lutte contre le terrorisme en cours de préparation ». Julien Dray, porte-parole du PS, suspecte même Sarkozy d'avoir programmé à dessein l'opération du 26 septembre pour qu'elle tombe pile avec sa prestation. « Cette arrestation était prévue, et on peut se dire qu'elle a peut-être été montée opportunément pour une émission de télévision. » Ce que dément formellement l'entourage de Sarkozy. « A la minute où il a enregistré l'émission, il y avait des interventions, les personnes arrêtées l'avant-veille étaient toujours en garde à vue. » Une explication qui ne semble pas convaincre l'opposition. C'est la présence de certains médias pour couvrir les arrestations qui semble faire douter la gauche sur les véritables intentions de Nicolas Sarkozy. Le président du groupe socialiste à l'Assemblée, Jean-Marc Ayrault, a écrit au Premier ministre, Dominique de Villepin. « S'il s'avère que les personnes interpellées préparaient un ou des attentats sur le territoire, cette publicité intempestive représenterait une faute grave pour la sécurité nationale. Chez M. Sarkozy, il y a quelque chose d'inquiétant qui nous fait penser que son efficacité en tant que ministre de l'Intérieur est de plus en plus douteuse », a déclaré Jean-Marc Ayrault. Allant plus loin, le Parti communiste français (PCF) a réclamé que Nicolas Sarkozy soit démis de ses fonctions. « Quelles que soient les explications données aujourd'hui par le ministre de l'Intérieur, il est acquis que des journalistes ont été informés de l'opération de police », remarque le PCF. La LCR qualifie Nicolas Sarkozy de « marchand de la peur », un « metteur en scène sans scrupules qui ne mégote pas sur les moyens ». Les perquisitions effectuées lundi aux domiciles des 9 personnes arrêtées n'ont apparemment rien donné. Les enquêteurs n'ont trouvé ni armes ni explosifs. Seuls des ordinateurs ont été saisis.