La circulaire du chef du gouvernement du mois d'août dernier, adressée aux opérateurs publics les enjoignant de n'effectuer des dépôts qu'au niveau des banques publiques, inquiète sérieusement les banques privées nationales et étrangères qui y voient là une façon de les discréditer. D'aucuns considèrent cette décision comme un recul fondamental au moment même où l'on s'attendait à des réformes en profondeur du système bancaire pour le mettre au diapason de l'ouverture du marché. Les responsables de banques privées et étrangères s'interrogent sur les visées d'une telle démarche. Il en est ainsi de la Housing Bank qui estime, dans une déclaration parvenue à notre rédaction, que « le recours à des mesures du type de l'instruction (...) nous pénalise puisqu'elle réduit considérablement notre champ d'action » même si, souligne-t-on, « les dépôts publics n'ont jamais constitué l'essentiel de nos avoirs ». Cette banque, à l'instar de plusieurs autres issues du secteur privé, subit de plein fouet l'application de cette circulaire. La même banque considère que « la compréhension très étroite de l'instruction en question par certains opérateurs économiques publics nous cause un sérieux préjudice et risque même de faire fuir nos clients privés en relation avec les organismes publics ». La Housing Bank s'est vu ces derniers jours « rejeter des chèques émis par sa clientèle et refuser de cautions délivrées à ses clients privés au profit d'organismes publics ». Pour elle, « cette mesure met toutes les banques privées dans le même sac ». Ce qui, d'après elle, « n'est pas de nature à favoriser les règles d'une concurrence saine ». Les mêmes préoccupations sont exprimées du côté de la française Société générale Algérie (SGA) qui considère d'emblée que la décision du chef de l'Exécutif « a certainement une portée non négligeable et peut avoir des incidences graves », selon son directeur commercial, M. Ouzani. D'après lui, cette circulaire « porte atteinte à la crédibilité de la banque vis-à-vis de sa clientèle et peut lui causer un préjudice du fait qu'elle peut découler sur des lectures et des interprétations de la part des opérateurs publics qui refuseront par excès de zèle une domiciliation de marché pour un opérateur public ou rejetteront un chèque ou une caution émis par une banque privée ». Notre interlocuteur affirme que, au niveau de la SGA, on ne remet pas en cause le bien-fondé de la circulaire pour peu qu'elle ne jette pas le discrédit sur les banques privées et étrangères.