Réunis durant quatre jour à Johannesburg, du 26 au 29 septembre à l'occasion de la tenue du 18e Congrès mondial de pétrole, les pays membres de l'OPEP et les compagnies majors de pétrole ont exprimé leurs préoccupations quant à l'impossibilité d'augmenter les capacités de raffinage avant l'année 2007. Selon Adnan Shihab Eldin, secrétaire général par intérim de l'OPEP, « en dépit de quelques signes encourageants, il n'y aurait pas d'augmentation notable des capacités de raffinage malgré une amélioration en 2006 ». Tout en précisant que les compagnies pétrolières internationales n'ont pas assez investi dans les raffineries, l'Organisation des pays producteurs de pétrole affirme que « les réserves mondiales de pétrole étaient plus que suffisantes pour répondre à la demande croissante, mais que sans nouvelles raffineries les prix resteraient élevés ». Il faut dire cependant que ces inquiétudes au sujet des capacités de raffinage ont été accentuées par les cyclones Katrina et Rita aux Etats-Unis et ont poussé le prix du baril de pétrole au-dessus de 60 dollars. C'est ce qui a d'ailleurs amené les pays producteurs et les compagnies pétrolière à estimer que « la hausse des cours pétroliers ne réside pas autant dans la disponibilité du pétrole que dans les nécessaires investissements à consentir dans toute la chaîne en aval du secteur des hydrocarbures ». Pour Ali Al Nouaïmi, ministre saoudien du Pétrole, « la pression qui s'exerce aujourd'hui sur les prix du pétrole résulte de l'étroitesse des infrastructures industrielles pétrolières due à une insuffisance dans les investissements et au déséquilibre entre la qualité du pétrole brut et les bases de raffinage existantes ». Se voulant plus précis, le ministre a indiqué que le problème réside dans la « livrabilité » (nouveau jargon pétrolier) liée à la capacité industrielle à développer, produire, transporter, raffiner et enfin livrer le pétrole, qu'à sa disponibilité. Les réserves mondiales Tout en affirmant qu'il n'y a pas de pénurie dans les ressources pétrolières, le même responsable a indiqué, chiffres à l'appui, que « les réserves mondiales en pétrole ont plus que doublé en plus de 30 ans, passant de 550 milliards de barils en 1970 à 1200 milliards de barils actuellement ». Le ministre saoudien a également réfuté catégoriquement l'idée véhiculée par les médias notamment occidentaux sur une présumée « fin de l'âge du pétrole », qui, selon lui, constitue une diversion par rapport aux vrais problèmes qui se posent à l'horizon. Pour lui, « le plus gros problème est la partie aval du secteur pétrolier, en manque de flexibilité par rapport à la demande ». Il citera à ce propos « les capacités mondiales de raffinage insuffisantes qui n'arrivent pas à suivre le rythme de la croissance de la demande en pétrole, créant ainsi un déséquilibre pouvant même limiter les capacités de production installées ». Ce point de vue a été, faut-il noter, largement partagé par les participants au congrès. Rex W. Tillerson, PDG de la firme pétrolière américaine Exxon Mobil, estime à son tour qu'il « existait encore plus de 2000 milliards de barils de pétrole dans les sous-sols à travers le monde représentant deux fois la quantité pétrolière produite dans l'histoire de l'humanité ». Il n'en demeure pas moins, cependant, que « le défi à relever dans le développement du secteur des hydrocarbures pour pouvoir répondre à la demande et assurer un meilleur niveau de vie « exige de gigantesques investissements et des innovations technologiques », a-t-il estimé et d'ajouter que pour renforcer les investissements dans les pays producteurs de pétrole « les gouvernements locaux doivent faire davantage d'efforts pour attirer les investisseurs à travers notamment l'ouverture de leurs marchés, la réduction des barrières commerciales, le respect de l'Etat de droit et la transparence ». Par ailleurs, le président du Conseil mondial du pétrole a indiqué que les hydrocarbures continueraient à dominer l'utilisation énergétique mondiale à hauteur de 85% de la demande mondiale en énergie primaire. Les prévisions de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) et celles de l'OPEP affirment que la demande en pétrole s'élèverait à 107 millions de barils par jour en 2020 et à 121 millions de barils par jour en 2030. Enfin, la tenue de ce congrès mondial organisé pour la première fois dans un pays africain a permis à l'Algérie, lors des différentes sessions plénières et des tables rondes, de véhiculer l'expérience menée depuis plus de 40 ans dans le domaine des hydrocarbures. L'Algérie et la Russie ont été inscrites pour abriter la 20e édition du Congrès mondial de pétrole qui se tiendra en 2011 et pour laquelle le comité de cette institution doit se prononcer en 2007. La prochaine édition sera organisée en 2008 à Madrid. Synthèse : Lyès Malki