Le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, reste confiant quant à l'évolution des prix du baril de brut au cours de cette année. Il s'attend à une «petite» hausse des prix du baril au-delà de 80 dollars à partir du troisième trimestre 2010. Selon Chakib Khelil, les perspectives de l'économie mondiale sont bonnes et tous les «ingrédients» sont réunis pour une hausse des prix du baril d'ici à la fin de l'année. D'abord, il y a une hausse de la demande mondiale entre 900.000 et 1 ,6 millions de barils. Ensuite, il y a la dégradation du billet vert et la situation géopolitique au Moyen-Orient, notamment la tension autour du dossier nucléaire iranien. Concernant la réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) qui se tiendra aujourd'hui à Vienne, le ministre a confirmé l'existence de consensus dans le cartel pour le maintien du niveau actuel de la production des pays membres (estimé à 24,84 millions barils/jour). «Le consensus est autour du maintien du niveau de la production actuelle jusqu'à la prochaine réunion de l'OPEP en septembre. Augmenter la production serait un mauvais signal à donner au marché qui va entraîner des mesures pouvant baisser les prix», a affirmé hier le ministre, sur les ondes de la chaîne III. Chakib Khelil, joint par téléphone à partir de la capitale autrichienne, a estimé que la réunion d'aujourd'hui de l'OPEP sera consacrée essentiellement pour asseoir plus de discipline dans le cartel. Pour le ministre, l'objectif de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole est de baisser au maximum le niveau actuel des stocks mondiaux de brut estimés à 59 jours. Chakib Khelil partage ainsi la position du ministre koweïtien du Pétrole, Ahmad Abdallah al-Sabah. Ce dernier a déclaré qu'il n'était pas nécessaire d'augmenter la production de l'Opep. Les ministres libyen, équatorien, qatari et iranien se sont déjà clairement exprimés en ce sens. L'Opep, qui réexamine aujourd'hui ses niveaux de production, devrait, sauf surprise majeure, les laisser à leur niveau actuel. L'Algérie raffinera la totalité de son pétrole brut en 2015 A partir de 2015, l'Algérie pourra raffiner la totalité de sa production de pétrole brut estimée aujourd'hui à 1,2 millions de barils/jour grâce à la réception de nouvelles installations et la réhabilitation des raffineries de Skikda, d'Arzew et de Hassi Messaoud. «Nous raffinons actuellement 500.000 barils de brut par jour. La moitié est consommée par le marché local. Nous exportons 700.000 barils de pétrole brut par jour. Avec la réception des nouvelles installations, notamment la raffinerie de Tiaret (ayant une capacité de production de 300.000 b/j), tout notre pétrole brut sera raffiné en Algérie», déclare le ministre. Et de préciser : «nous voulons améliorer nos capacités et les spécifications des produits vendus localement ou exportés. Nous avons un programme pour le craquage du fuel. La raffinerie de Skikda sera orientée vers le raffinage du condensat pour des produits pétrochimiques». L'Algérie compte également installer de nouvelles capacités de raffinage de pétrole lourd. «Ce pétrole sera importé. Il pourra, une fois raffiné, subvenir aux besoins locaux de production de diesel, mais sera exporté également. Nos besoins en diesel ont augmenté de 8 %», affirme-t-il. Pour mener à bien ce programme de développement des capacités de raffinage du pays, la compagnie nationale des hydrocarbures va consacrer le tiers des 69 milliards de dollars du programme d'investissement au raffinage. Scandale de Sonatrach : volte-face de Chakib Khelil Abordant le scandale de corruption qui a ébranlé la Sonatrach, le ministre a concédé que cette affaire a atteint l'image de l'Algérie. «La Sonatrach est le moteur du pays. Elle assure ses revenus. Ce scandale n'a pas terni l'image de la Sonatrach, il a porté atteinte à l'image de tout le pays», a avoué Chakib Khelil. Cette volte-face du ministre de l'Energie et des Mines surprend plus d'un. Depuis l'éclatement du scandale de Sonatrach, Chakib Khelil avait soutenu que cette affaire «n'a terni ni l'image de marque du Groupe ni celle du pays». D'ailleurs, c'est la première fois que le ministre de l'Energie et des Mines -reconnaît publiquement- que le scandale qui a secoué la société nationale des hydrocarbures a eu un impact sur l'image du pays. Il avait même essuyé de sévères critiques de la presse nationale pour sa position jugée «irréaliste». Cependant, le ministre ne met pas en cause la gestion de la Sonatrach, mais certaines procédures d'appels d'offres. «La gestion de la Sonatrach est aussi bonne aujourd'hui qu'elle l'a été par le passé. On ne peut pas remettre en cause cette gestion parce qu'il y a eu des erreurs de certains cadres. Le cadre est un être humain. Il peut être attiré vers d'autres intérêts. Les cadres de Sonatrach sont valables et compétents. Ils n'ont pas besoin de le prouver», souligne le ministre. A ce propos, il a précisé que certaines procédures d'appels d'offres seront revues pour éviter que les responsables qui les appliquent prennent des risques dans l'interprétation. Ces dernières semaines, des formations des cadres qui participent dans le processus de prise de décision ont été lancées.