Les cours du pétrole ont connu une relative stabilité durant la semaine qui vient de s'écouler bien qu'ils restent marqués par une volatilité. Les cours se sont maintenus dans une fourchette nettement au-dessus des 60 dollars le baril que cela soit à Londres ou à New York. Beaucoup d'acteurs du secteur de l'énergie considèrent que les prix sont dirigés par le marché de l'essence aux Etats-Unis. La faiblesse des capacités de raffinage aussi bien sur le marché américain, européen ou asiatique font que cet effet devient mondial. La faiblesse des marges dans le raffinage durant la décennie 1990 et les spécificités environnementales n'ont pas favorisé les investissements dans ce segment de la chaîne de l'industrie pétrolière. Les compagnies ont aussi été obligées d'investir pour s'adapter à ces spécifiés. Du coup, les gouvernements des grands pays consommateurs découvrent le grand décalage qu'il y a entre l'offre et la demande. Ceci s'est traduit par des appels publics en direction des compagnies pétrolières pour qu'elles fassent un effort en ce sens. Mais le besoin de rentabilité et la pression des actionnaires restent forts et aucun gouvernement ne peut imposer à une compagnie privée d'investir dans un créneau qui ne lui rapporte pas assez. C'est ce qui a amené vendredi dernier le G7 ou groupe des sept pays les plus industrialisés a appeler à investir davantage dans l'exploration, la production, les infrastructures d'énergie, mais aussi dans le raffinage pour calmer les prix. L'appel a été adressé aux compagnies pétrolières et aux pays producteurs. Mais même si des efforts sont consentis vu les recettes qui peuvent être engrangées, les effets ne seront pas visibles avant plusieurs années. Tout cela pour constater que le marché de l'essence et la faiblesse des capacités de raffinage risquent encore de jouer pour soutenir un niveau élevé des prix du pétrole. Recul des critiques Lors du Congrès mondial du pétrole, qui a eu lieu à Johannesburg la semaine dernière, le secrétaire général de l'Opep, le Koweïtien Adnan Shihab Edin, a estimé que malgré les progrès qui seront réalisés dans ce domaine il n'y aurait pas d'amélioration des capacités de raffinage avant 2007. L'estimation qui se base sur les projets et la demande indique que le marché restera perturbé par un manque. Le dirigeant de l'Opep a reproché aux compagnies pétrolières internationales de ne pas investir dans ce créneau. La même thèse a été développée par le ministre saoudien du Pétrole, Ali Al Nouaïmi, qui a estimé que les réserves mondiales de pétrole étaient plus que suffisantes pour répondre à la croissance de la demande, mais que les prix resteraient élevés s'il n'y a pas de nouvelles raffineries. Le même problème du raffinage s'était posé durant l'été 2000, mais il n'a pas semblé être pris au sérieux, surtout par la récession qui a suivi les attentats du 11 septembre 2001. Les critiques contre l'Opep ont reculé, mais elles existent toujours, même si elles proviennent de gouvernements qui essaient d'éviter les critiques de leurs opinions pour l'orienter dans une autre direction. Ainsi, les taxes sur l'essence restent toujours élevées et l'Agence internationale de l'énergie a demandé à ses membres de ne pas y toucher. Si certains organismes calculent régulièrement les recettes des pays producteurs de pétrole de l'Opep, ils évitent de donner des indications sur les recettes fiscales engrangées par les gouvernements des grands pays consommateurs. Selon des calculs faits par l'Opep, les recettes engrangées par ces gouvernements sont plus élevées que les revenus que tirent les pays de l'Opep de leurs exportations de pétrole. Cela veut dire aussi que la hausse des prix du pétrole dope aussi les recettes fiscales des grands pays consommateurs. Aux Etats-Unis, l'opinion reste attentive aux nouvelles sur les effets des dégâts occasionnés par les cyclones Katrina et Rita. Les prix restent soutenus par l'indisponibilité des capacités de raffinage d'unités à l'arrêt dans le golfe du Mexique et l'arrêt de la production de pétrole brut dans la même région. Les capacités globales de raffinage qui ont été paralysées atteignent environ 4 millions de barils par jour. Mais cette indisponibilité des moyens de raffinage a contribué a contrario à influer sur la demande en pétrole brut qui a baissé. C'est ce qui explique une relative stabilité des cours dans une fourchette qui se situe entre 62 et 67 dollars. Vendredi passé à New York et vers 16h GMT, le Light Sweet Crude était coté à 66,35 dollars. Tandis que le Brent à Londres était coté à 62,89 dollars le baril. Une semaine auparavant, les cours avaient clôturé à 64,19 dollars le baril à New York et à 62,44 dollars le baril à Londres.