L'avant-projet de loi de finances pour 2006 sera présenté aujourd'hui en Conseil des ministres par Mourad Medelci, ministre des Finances. Le grand argentier du pays a confirmé que la politique budgétaire pour le prochain exercice sera élaborée sur la base d'un prix du baril de pétrole de 19 dollars, et ce, au moment où les cours du pétrole ont dépassé la barre des 60 dollars et ne devraient pas descendre au-dessous des 40 dollars à moyen terme, selon les spécialistes. Interrogé à ce sujet en marge d'une conférence sur l'expérience suisse en matière de finances, M. Medelci ne s'est pas montré prolixe. « Nous restons à 19 dollars, mais nous allons utiliser de façon pleine et entière les ressources qui nous viennent de l'augmentation du prix du pétrole. » C'est peut-être, en première analyse, quelque chose qui paraît contradictoire. Mais je m'expliquerai sur cela ultérieurement », s'est-il contenté de répondre. Pour ce qui est des grandes lignes de cette loi de finances, M.Medelci n'a fait que rappeler les mesures déjà rapportées par le communiqué du Conseil du gouvernement qui s'est tenu mercredi dernier. « Ces mesures sont destinées à promouvoir la production nationale, à encourager les exportations en dehors des hydrocarbures, et à protéger l'environnement à travers la fiscalité », a-t-il souligné. Dans la même foulée, il a indiqué que certaines dispositions viennent consolider des mesures contenues dans la loi de finances complémentaire pour 2005 en vue de promouvoir la concurrence saine. « Nous n'allons pas combattre l'économie informelle d'un seul coup mais faire en sorte à ce que celle-ci recule progressivement », a-t-il dit à ce propos. Le secrétaire général de l'Association des banques et établissements financiers (ABEF), M. Benkhalfa, a signalé pour sa part que la recapitalisation intervient pour s'adapter aux changements du secteur bancaire. « La place a changé de cap depuis deux ans. Avant, le niveau minimum des capitaux était de 500 millions de dinars pour les banques et de 100 milliards de dinars pour les établissements financiers. Ça a été multiplié par cinq. C'est-à-dire que le capital minimum d'une banque est de 2,5 milliards de dinars et celui d'un établissement financier de 500 millions de dinars », a-t-il rappelé. Pour lui, eu égard à l'augmentation du niveau de financement, il devient nécessaire de « donner aux banques la possibilité de distribuer davantage de crédits ». D'autant plus que les règles prudentielles exigent à ce qu'il y ait une relation entre le volume des crédits et les capitaux, a-t-il poursuivi. « Nous avons terminé 2004 avec un encours de crédit de plus de 1540 milliards de dinars. A chaque fois que la banque a des capitaux propres importants, elle court moins de risques », a-t-il expliqué encore. M. Benkhalfa a, par ailleurs, révélé que les effectifs du secteur bancaire sont formés pour la lutte antiblanchiment. « Il y a des instruments et un référentiel qui ont été mis en place avec des partenaires étrangers. Il y a aussi des guides d'exploitation. Nous souhaitons aussi que les commerçants de l'économie informelle déposent dans les banques car le circuit bancaire doit couvrir le maximum de transactions », a-t-il dit à ce propos. Sur un autre registre, le SG de l'ABEF a assuré que « le montant des créances contentieuses est en baisse en raison de l'assainissement des banques ». Il a reconnu néanmoins que « si de plus en plus d'entreprises sont bancables, nous ne sommes pas arrivés à un seuil de risques acceptable ». Et d'ajouter : « Nous travaillons durement à l'intérieur des banques pour renforcer le système d'évaluation des risques. Un autre travail est fait avec le patronat et les entreprises pour que les entreprises soient moins fragiles en s'adressant aux banques. » D'après lui, « les banques publiques ne sont plus de simples entreprises mais des groupes bancaires ». Aussi, il convient actuellement d'engager une réflexion sur la bonne gouvernance, a-t-il estimé, tout en soulignant au passage que « durant les dix années à venir, il faudra non seulement moderniser les acteurs actuels, mais aussi faire intervenir d'autres acteurs étrangers. »