Depuis déjà trois ans, on recense une croissance inquiétante des feux de forêt sur le territoire de la wilaya de Constantine. Selon un rapport récemment établi par les services de la direction de la Protection civile, la sonnette d'alarme vient d'être tirée car le phénomène prend de l'ampleur et devient même un souci majeur pour les autorités de la wilaya. Rien que pour la période estivale de l'année en cours, les sapeurs-pompiers ont eu à intervenir à 22 reprises, contre seulement une dizaine d'interventions pour l'année 2004. Au total 416 ha de forêts sont partis en fumée entre le 1er juin et le 31 août 2005, dont 80 ha de pin d'Alep, 81 ha de liège, 48 ha de chêne, un hectare d'eucalyptus et 206 ha de diss. Une superficie perdue assez considérable sachant que la wilaya de Constantine ne dispose que d'une faible couverture forestière estimée, selon les statistiques fournies par la direction de la planification et de l'aménagement du territoire (DPAT) pour l'année 2000 à 17 858 ha, soit 8% de la superficie totale. Une faible proportion qui témoigne de l'importante dégradation continue des peuplements forestiers. L'état des lieux, établi par la DPAT durant l'année 2000, note que les reboisements en masse, réalisés à grands frais dans la wilaya et les efforts fournis pour la reconstitution du patrimoine forestier n'ont pas donné des résultats notoires en raison de la présence d'un important élevage itinérant qui a fini par compromettre les plans de reboisement de deux décennies. Alors que la pression du cheptel et l'extension des zones urbaines sont venus à bout d'une importante superficie, les incendies continuent de faire des dégâts appréciables depuis 1999, notamment dans les régions d'El Djebbas, Kef Lakehal dans les environs de la ville de Constantine, Draâ Nagra et El Meridj dans la commune d'El Khroub, Aïn Bernez dans la commune de Aïn Abid et Chettaba dans la commune de Aïn Smara. Malgré un réseau de tranchées pare-feu constitué de 315 km de piste, théoriquement suffisant mais qui nécessite néanmoins un entretien tous les trois ans, des incendies d'une grande teneur n'ont pas épargné les forêts durant le mois d'août. Certains ont même nécessité plus de 24 heures d'efforts acharnés pour venir à bout des flammes. On citera le cas de l'incendie qui s'est déclaré dans la forêt de Aïn Bernez dans la journée du 27 août pour ravager 75 ha de pin d'Alep, suivi d'une reprise de feu s'étant déclaré non loin dans la forêt d'El Haddache pour consumer 25 ha de chêne-liège. Quelques jours plus tard, c'était au tour de la forêt de Kef Lakehal de connaître le même scénario dans la journée du 3 septembre où pas moins de quatre foyers d'incendie ont été signalés. Ces départs de feu qui se propagent sous l'effet du vent sont le plus souvent occasionnés par les charbonniers qui activent dans ces forêts, ainsi que les chercheurs du miel qui allument des troncs d'arbre pour faire fuir les abeilles. Le feu incontrôlé finit par détruire des dizaines d'hectares. Connaissant bien la topographie des lieux, les fautifs réussiront à chaque fois à échapper aux poursuites des gendarmes et des gardes forestiers. A l'instar des campagnes de prévention contre les incendies des récoltes qui a donné ses fruits, le phénomène des feux de forêt devra inciter les autorités de la wilaya à engager un plan de prévention d'envergure car il y a vraiment péril en la demeure.