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« Bannir à jamais l'usage du mensonge »
De la démocratie et des événements du 5 octobre 1988
Publié dans El Watan le 05 - 10 - 2005

Les événements du 5 octobre n'auraient peut-être pas eu lieu si le président Chadli Bendjedid avait daigné prendre en considération ma modeste proposition exprimant l'urgence et l'absolue nécessité de promouvoir l'instauration d'une démocratie pleine et entière dont le pays a besoin.
Suite à une demande d'audience qui n'avait pas été satisfaite et en prévision du congrès annoncé pour la fin de l'année 1988, j'avais décidé, en tant qu'ancien membre du groupe qui avait opté pour le déclenchement de la lutte armée de Libération nationale, de lui adresser, finalement, une « lettre ouverte » en date du 11 avril 1988, cri d'alarme prémonitoire de grands dangers, lettre qui avait été ignorée par dédain des criminels responsables de l'époque, dont la politique de l'arrogance et des faux-fuyants a généré les tragiques événements du 5 octobre 1988. Voici le texte :
A Monsieur le président de la République algérienne démocratique et populaire et secrétaire général du parti du FLN Chadli Bendjedid
Excellence Monsieur le président de la République, secrétaire général du Parti du FLN et cher frère, Permettez à un vieux militant, qui a donné comme tant d'autres le meilleur de lui-même pour que vive l'Algérie libre, de s'adresser à vous par le moyen de la présente lettre. Ayant assisté au dernier congrès de décembre 1985, je n'ai pu intervenir comme je le voulais au débat pour m'exprimer et dire toutes mes préoccupations concernant l'avenir de notre pays. Ceci parce que j'ai jugé l'atmosphère non favorable d'une part, et ne voulant pas passer pour un provocateur ou un fou, ni être confondu avec une certaine opposition, d'autre part. C'est la raison pour laquelle j'avais saisi à deux reprises Votre Excellence par lettres datées du 30 janvier et du 15 décembre 1986 vous demandant une audience pour vous exposer mon point de vue sur le sujet, en vain. Plus de deux ans et demi d'attente et, malgré mes appels répétés auprès du secrétariat à la présidence, aucune suite n'a été donnée à ma demande. C'est pourquoi je m'adresse à vous, Monsieur le Président, à la veille de ce prochain congrès, pour vous dire l'urgence et l'absolue nécessité de promouvoir l'instauration d'une démocratie pleine et entière dans notre pays si l'on ne veut pas trahir une nouvelle fois et à jamais l'espoir suscité par l'événement de votre arrivée au pouvoir. En décembre 1985, le congrès avait débattu de la révision de la charte nationale de 1976, aujourd'hui ce sont les problèmes d'ordre structurel, économique, financier et administratif concernant l'agriculture et l'industrie qui font l'objet le plus marquant de ce congrès. Or ,depuis 26 ans, plusieurs congrès se sont succédé, alors que les maux touchant la société et l'ensemble de la vie du pays n'ont fait que s'aggraver. Certes, beaucoup de progrès ont été réalisés dans plusieurs domaines, mais ils ne l'ont pas été sans grands dommages. En associant pleinement l'ensemble de nos citoyens sans restriction aucune, et avec leur assentiment basé sur la confiance retrouvée, nous pourrons faire beaucoup mieux. Il suffirait alors de faire appel à notre propre imagination tenant compte de l'expérience de tant d'années de lutte, de notre propre culture et de nos traditions, sans avoir besoin de nous référer à un quelconque système étranger contraire à notre nature. A la veille du déclenchement de la lutte armée par exemple, il nous a été indispensable d'instaurer un parti unique (FLN) réunissant en son sein tous les mouvements politiques existants par mesure de stratégie ; c'est ce qui nous a permis de combiner notre action dans la lutte contre l'ennemi pour nous assurer la victoire finale. L'indépendance acquise, le FLN n'avait plus sa raison d'être ; la preuve nous en a été faite dès les premiers jours où le consensus national a été rompu à la suite d'une crise de confiance qui avait des origines lointaines. Par conséquent, il est anormal pour nous de continuer à nier l'évidence et à tenir à bout de bras et de grands moyens un parti qui n'a plus d'attache réelle avec le peuple ; il ne peut en avoir par le fait qu'il ne dialogue qu'avec lui-même à travers des satellites créés par lui - l'ensemble de syndicats, d'organismes et autres associations de masse qui tournent autour de lui, formant une galaxie d'un autre monde, loin des réalités du pays, continuant à se réclamer d'options et de choix fondamentaux qui ont été décidés par le congrès de Tripoli, de triste mémoire, dans les conditions que l'on sait, et lors duquel les différentes tendances se surpassaient les unes les autres en démagogie, faisant feu de tout bois pour se hisser au premier rang en vue d'accaparer le pouvoir. Et c'est ce qui nous a malheureusement conduits au premier coup d'Etat de celui qui ose s'entêter, aujourd'hui encore, à vouloir nous enseigner la démocratie. Notre système actuel de parti unique ressemble fort étrangement dans ses structures organisationnelles et étatiques à un système bien connu. Ce système, né dans des pays éloignés du nôtre, avait sa raison d'être : il était basé sur l'histoire de ces peuples réagissant légitimement contre la misère et l'injustice qui leur étaient faites par une féodalité issue d'eux-mêmes, les exploitant cruellement sans merci. Alors de cette situation est née chez eux, par réaction, la révolution imposant la dictature de prolétariat menant à la lutte des classes. Quant à nous, notre histoire est bien différente ; notre peuple a souffert de 130 années de colonisation sous le joug d'un ennemi étranger qui a occupé notre pays à la suite d'une longue guerre et de plusieurs révoltes réprimées dans le sang. Notre pays est libre aujourd'hui grâce à la lutte menée par tout le peuple algérien de toutes les conditions sociales, hommes et femmes, petits et grands, sans exception. Aucune famille algérienne n'a échappé aux méfaits de la guerre ou n'a donné sa part de contribution. Qu'y a-t-il donc de commun entre notre expérience et celle de ces pays pour les prendre comme modèle ? Nous avons adopté leur système et repris à notre compte tout son vécu et son vivant avec toutes les tares qu'il recèle, système d'ailleurs dont les promoteurs se débattent actuellement pour en sortir. Et nous, nous voulons y entrer plus profondément encore. Il est grand temps de nous ressaisir avec courage et confiance en nous-mêmes et dans le génie créateur de notre peuple assoiffé de justice, de liberté et de dignité et qui a tant souffert. Avec sa confiance retrouvée, sa participation généreuse et spontanée, nous réaliserons le rêve de tous nos martyrs qui verra s'accomplir une société heureuse dans une Algérie où il fera bon vivre pour tous. Pour regagner la confiance de notre peuple, seule la démocratie est crédible et porteuse d'espoir. Qui a peur de la démocratie a peur du verdict populaire. Pourquoi alors cette devise « par le peuple et pour le peuple » est-elle devenue un simple slogan ? Et pourquoi ce congrès ne serait-il pas cette fois-ci celui de l'instauration de la démocratie ? Pour toutes ces raisons, il me paraît très sage et tout à fait indispensable d'élaborer un projet de charte pour l'instauration, l'exercice et la défense de la démocratie ; charte dans laquelle seront énoncés des règles de déontologie, de comportement politique pour les citoyens et l'ensemble du corps politique. Celui-ci pourrait être composé de trois partis qui émergeront par des élections libres à travers le pays pour une durée de dix ans, par exemple au début, et par la suite, avec l'usage de règles démocratiques acquises, le peuple pourra être consulté par référendum en vue de la reconduction de la règle établie de trois partis, ou pour décider d'une nouvelle règle. Dans l'énoncé de ces règles de déontologie, je suggérerai, entre autres recommandations qui pourraient être faites de : 1- Bannir à jamais l'usage du mensonge, de la tricherie ou de la force pour régler les problème de la société ; 2- nous prémunir contre les facteurs de division du fondamentalisme et du régionalisme qui ne peuvent nous mener qu'à la guerre civile, à l'anarchie et à la déstabilisation de la nation.
et ainsi de suite pour d'autres recommandations. A cette fin, il nous sera nécessaire de créer un organisme institutionnalisé, composé d'un nombre de personnalités hautement qualifiées par leur savoir et leurs qualités morales incontestées, dévouées et désintéressées ; personnalités qui auront pour seule mission de veiller strictement au respect de la règle de déontologie établie et à l'élaboration de laquelle ils pourront d'ailleurs participer, puis l'enrichir en tant que gardiens de cette règle. Et ainsi, par le fonctionnement de cette démocratie, nous montrerons que nous n'avons de leçon à recevoir de la part de qui que ce soit ou de quelque système étranger que ce soit, et nous prouverons au monde que l'Algérie est capable d'inventer une démocratie digne d'être citée en exemple. Dans l'attente d'un nouveau 1er Novembre dans l'unité et la confiance retrouvées, je vous prie d'agréer, Monsieur le président de la République et secrétaire général du FLN, avec mes sentiments bien fraternels l'assurance de mon dévouement et de mon plus profond respect. M. M.
Cette lettre, restée donc inédite pour cause de censure, au contenu toujours valable pour l'essentiel quant au fond et à l'esprit, (malgré un retard de 17 années de perdues pour le pays), mérite l'attention du président A. Bouteflika, auquel je propose de bien vouloir décider courageusement de l'élaboration en commun d'une charte pour l'instauration, l'exercice et la défense d'une démocratie pleine et entière. Car l'exercice de la démocratie est la seule issue valable et urgente pour sortir le pays de la crise qui perdure ; elle facilitera par là-même toute politique sincère de réconciliation nationale dans la paix retrouvée, avec la participation enthousiaste de tout un peuple à l'exercice de ses droits politiques, sans heurt, pour la reconstruction du pays dans la liberté, la justice et la dignité, objectifs fondamentaux du 1er Novembre 1954 sans lesquels ils ne peut y avoir de paix possible et imaginable.


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