Moins d'un mois après une rentrée époustouflante, les Constantinois accueillent le mois de Ramadhan dans une ambiance qui en dit long sur le marasme social qui y règne. Les inévitables discussions sur les prix des fruits et des légumes dominent le quotidien des citoyens, déjà malmenés par les augmentations ayant touché les prix des aliments de base. Le tour classique des principaux marchés de la ville donne le pouls d'une mercuriale qui ne ménage pas les petits budgets. Les récentes déclarations du responsable des services agricoles lors de la dernière session de l'APW, faisant état d'une disponibilité à profusion des légumes et fruits de saison, ne sont pas pour rassurer les citoyens. Ces derniers appréhendent la première semaine du mois sacré pour des raisons qui demeurent assez évidentes pour la plupart des Algériens. Une situation qu'on perçoit désormais comme une fatalité. Du côté des commerçants, on ne se fait guère prier pour annoncer la couleur. Alors que les viandes rouges, qui se stabilisaient autour de 520 DA pour l'agneau et 450 DA pour le veau, quelques jours seulement avant le Ramadhan, avoisinent déjà les 600 DA pour le premier et 520 DA pour le second, le poulet, qui s'envole sans cesse, est en passe de devenir un aliment de luxe. Nombreuses sont les familles aux revenus limités qui n'arrivent plus à joindre les deux bouts et qui se trouvent face à un véritable fardeau durant ce mois, apprend-on auprès des services du comité de la wilaya de Constantine du Croissant-Rouge algérien. Ce dernier, qui demeure l'organisme le plus sollicité par les couches défavorisées pour une éventuelle aide, se trouve parfois impuissant face à des situations où il est difficile de satisfaire toutes les demandes. A Constantine, la pauvreté et le misérabilisme des démunis émerge spontanément durant le Ramadhan pour donner des images choquantes devant les centres de solidarité et les restaurants du cœur naissant l'espace d'un mois et qui se trouvent souvent débordés. Devant ces lieux, des files de femmes faisant des kilomètres chaque jour se forment dès l'aube dans l'espoir d'avoir le maigre repas du f'tour à servir pour la famille, alors que les hommes font de même durant la journée dans d'autres coins. Hormis les actions menées par le Croissant-Rouge et quelques restaurateurs privés qui continuent de marquer leur générosité dans l'ombre et loin de toute forme de publicité, la fameuse opération de solidarité orchestrée sous les projecteurs par les autorités de la wilaya reste en deçà des espérances. Même si un montant d'un million de dinars vient d'être octroyé au Croissant-Rouge pour l'opération « Meidat el hilel », les 7000 couffins distribués sur les 12 communes de la wilaya demeurent largement insuffisants, surtout que les « petites » communes qui en ont vraiment besoin n'ont eu finalement droit qu'à des quantités symboliques.