10 octobre 1988. De la place du 1er Mai, la manifestation à laquelle ont appelé des activistes islamistes, dans le sillage des émeutes du 5 octobre, arrive place Ouanouri Mohamed, à l'entrée de Bab El Oued, face à la DGSN. Il est 14h30. Alger est sur les nerfs, quadrillée par des unités de l'armée. Une fusillade éclate. D'où venait la première balle ? Le saura-t-on un jour ? La mort pleut de partout. Le triangle coincé entre le siège de la DGSN, état-major de la police, le lycée Emir Abdelkader et les portes de Bab El Oued prend feu. Des années plus tard, les habitants du quartier montraient encore une barre d'un grillage face à la DGSN éraflée par une balle. Et d'un geste brusque du bras, ils vous montreront un espace sur le trottoir : « C'est là qu'a été tué le journaliste. » Ils ne connaissaient pas son nom. Il s'appelait Sid-Ali Benmechiche et travaillait pour l'APS (Algérie Presse Service). Il couvrait la manifestation. Il a été mortellement touché lors de cette fusillade. Ainsi que six autres victimes. Dans les conclusions d'un rapport publié le 19 novembre 1988, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) a rappelé aux autorités judiciaires « le droit des familles des personnes décédées de mort violente de faire procéder aux autopsies des corps ». « La famille du journaliste de l'APS, Sid-Ali Benmechiche, a fait une demande en ce sens et n'a pu l'obtenir malgré les assurances de plusieurs hauts responsables, dont au moins deux ministres », rappelle l'auteur et journaliste Abed Charef dans Algérie 88 Un chahut de gamins ? La maison de la presse d'Oran porte le nom de Sid-Ali Benmechiche. L'état de la bâtisse de trois étages (abritant une trentaine de bureaux) connaît une cruelle décrépitude. Même les fondations sont menacées par l'oued Rouina.