La côte est algéroise est terriblement étouffée par les interminables processions de véhicules. Que ce soit à Bordj El Kiffan, à Bordj El Bahri ou à Aïn Taya, de longues files d'automobilistes, pouvant durer des heures, sont devenues monnaie courante, voire même une corvée supplémentaire. Ceux qui en doutent encore peuvent faire un détour du côté de Kahouet Echergui en passant par Souachet et Benzerga ou en empruntant la RN 71 en fin d'après midi, aux heures des grands embouteillages en ce mois de carême afin de constater de visu l'étendu du malheur et de subir de plein fouet cette interminable tohu-bohu. Et pour cause, une route express à plusieurs voies, qui devait desservir et, du coup, désengorger les localités de Bordj El Kiffan en passant par Bordj El Bahri jusqu'à l'extrême est algérois à Aïn Taya (30 km d'Alger-Centre) est reléguée aux calendes grecques. Ce vieux projet ne verra certainement pas le bout du tunnel de sitôt. Un projet mort-né ? La réponse est somme toute positive. D'ailleurs, la population habitant cette région ne cesse, depuis déjà des années, d'interpeller l'infatigable Amar Ghoul afin qu'il daigne « jeter un coup d'œil » du côté de leurs communes. « Nous avons cette impression que nous sommes une population marginalisée. L'ensemble des ponts, trémies et grands ouvrages d'art n'est réalisé qu'au centre et à l'ouest de la capitale. Comme si nous, habitants de Bordj El Kiffan et de Bordj El Bahri, sommes des citoyens de second degré », lâche tristement cet automobiliste qui assure n'arriver chez lui que vers 17h30, voire18h, à une demi-heure des coups de canon synonyme d'interruption du jeûne. Confiant et se voulant rassurant, le DTP d'Alger, M. Khelifaoui, certifie que tous les projets autoroutiers situés à l'est de la capitale seront pris en charge dans l'immédiat. « Je tiens à assurer les automobilistes de cette région et les usagers de ce tronçon routier que l'ensemble des projets encore en suspend sera relancé avant la fin de l'année. Les avis d'appel d'offres ont été lancés et nous sommes en phase d'étude des propositions. » Des approbations qui restent, néanmoins, à matérialiser sur le terrain de la réalité Datant des années 1980, la route expresse de l'Est, d'une utilité indispensable, a été abandonnée sans qu'aucune raison valable ou, pour le moins plausible, ne vienne conforter les inquiétudes des riverains. Pendant ce temps, anarchie aidant, des conglomérats d'habitations individuelles sont venus se greffer sur le tronçon de ces projets. C'est ainsi que des carcasses de villas laides à l'architecture effrayante ont été élevées comme des champignons. Au lotissement Mouhous, à quelques encablures de l'usine de pasteurisation Z-Oeufs sur une route à grande vitesse, un grand sens giratoire a été réalisé au-dessous d'un viaduc de 2X2 voies en abandon. Les raccordements avec la RN 5E n'ont pas été faits. Les évitements de Bordj El Kiffan ne l'ont pas été également. Non loin de ce lieu en empruntant la route expresse à trois voies vers Bordj El Bahri, plus précisément au lieu-dit Haï Mimouni, c'est un autre viaduc de 2X2 voies également qui se dresse. L'autoroute s'arrête nette devant un large sens giratoire (un autre) confectionné lui aussi à la hâte. Ici, les habitations édifiées et les commerces présents semblent constituer un obstacle majeur pour la poursuite du projet. En effet, avons-nous constaté sur les lieux, des villas sont construites aux bordures même de ce tronçon, ce qui entrave réellement l'achèvement du projet. Seront-elles démolies et leurs propriétaires indemnisés pour cause d'utilité publique ?